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Transit

La ministre des Transports veut «faire payer» les poids lourds, sans relancer l'écotaxe

Un poids lourd passe devant un radar "écotaxe", le 16 novembre 2013 à Lisieux (Photo PHILIPPE HUGUEN. AFP)
publié le 6 juillet 2017 à 12h52

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a justifié jeudi son intention de taxer les poids-lourds en transit dans l'Hexagone, expliquant qu'«il faut bien que quelqu'un paie» les infrastructures de transport alors qu'«il manque 10 milliards» d'euros pour les financer d'ici 2022.

«Entre les besoins pour maintenir nos réseaux en état, les moderniser, et les engagements qui ont été annoncés» par le précédent gouvernement, «il manque 10 milliards sur le quinquennat», a-t-elle déclaré lors d'un débat organisé par la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et le journal économique La Tribune.

«A un moment donné, il n'y a pas de mystère. C'est l'utilisateur ou le contribuable qui paye», a insisté Mme Borne, soulignant que «beaucoup de poids-lourds sont en transit sur notre territoire et ne participent pas au financement des infrastructures». La ministre des Transports avait affirmé mardi, dans un entretien aux Echos, sa volonté de «faire payer ces poids-lourds» sans pour autant «relancer en l'état» l'écotaxe abandonnée par ses prédécesseurs.

Plusieurs fédérations patronales de transporteurs routiers ont fait savoir mercredi que l'écotaxe, «sous quelque forme que ce soit», demeurait «une ligne rouge pour la profession»«Le feuilleton désastreux de l'écotaxe débuté en 2007 s'est achevé en 2014 par un abandon total. L'Etat semble donc revenir sur ses engagements, ce qui ne saurait être accepté», précise un communiqué commun de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) et de l'Union des entreprises de transport et logistique de France (TLF).

Une mesure de 2007 abandonnée

«Je n'ai clairement pas annoncé le retour de l'écotaxe», a répondu Mme Borne, préférant «apporter des réponses qui tiennent compte de la spécificité des différents territoires» plutôt que d'imposer «une réponse inventée à Paris qui s'applique partout».

Ouverte aux demandes des «régions qui ont envie d'avancer sur ce point», la ministre a aussi lancé un appel aux sociétés concessionnaires d'autoroutes pour apporter leur savoir-faire technique. «Il y a des gens dont c'est le métier de collecter des péages, je compte sur eux pour nous proposer des bonnes réponses», a indiqué celle qui fut il y a dix ans responsable des concessions du groupe Eiffage.

Mesure phare du Grenelle de l'Environnement en 2007, la taxe sur les poids lourds devait financer la construction et l'entretien des infrastructures de transport. Jamais appliquée, elle avait été suspendue en octobre 2013 après la fronde menée par les «bonnets rouges» bretons, puis définitivement enterrée par Ségolène Royal.

«On voudrait connaître la justification de cette taxe, alors que Mme Borne annonce que les projets (d'infrastructures) vont être revus à la baisse», a déclaré à l'AFP, Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR. Pour trouver les recettes manquantes suite à l'abandon de l'écotaxe, le précédent gouvernement avait augmenté la taxe sur les carburants (TICPE).