Rien n’est simple avec le tiers payant. Tout dérape si vite, les uns comme les autres adoptant des postures polémiques.
En écoutant certaines radios, on avait cru comprendre ce week-end que la nouvelle ministre de la Santé, Agnès Buzyn, suspendait le dispositif mis en place par l'ancien gouvernement pour permettre d'éviter les avances de frais chez le médecin. «Certains Français ont du mal à accéder à un médecin pour des raisons financières», avait-elle concédé le 6 juillet au micro de RTL. Agnès Buzyn ne souhaitant pas que cette évolution se fasse au détriment des professionnels de santé libéraux qui se plaignent déjà d'une lourde charge administrative, elle ajoutait : «Il faut aussi que les médecins y trouvent leur intérêt. Je cherche une formule gagnant-gagnant.» D'où le recours, disait-elle, à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), chargée d'une enquête sur sa «faisabilité».
Aussitôt, dans un communiqué, la Confédération des syndicats médicaux français, principal syndicat des médecins libéraux, se réjouissait de cette suspension : «Nous remercions la nouvelle ministre de la Santé, Agnès Buzyn, d'avoir entendu l'opposition ferme et résolue des médecins libéraux à un tiers payant généralisé pour tous et pour tout.»
De fait, le tiers payant généralisé n'est en rien abandonné. Interrogée par Libération, la ministre s'est montrée très claire : «Je suis pour le tiers payant, c'est une mesure de justice et d'accès aux soins, car un certain nombre de personnes sont en difficulté. Mais voilà, je ne l'aurais pas fait comme cela. Il y a un enjeu d'égalité. Tel qu'il a été proposé, il ne fonctionnera pas. D'où cette mise à plat que j'ai demandé à l'Igas. Je n'ai jamais dit qu'il était suspendu. Là nous mettons tout à plat.» Avant de le généraliser, donc…