La décision de rendre obligatoires les vaccins de la petite enfance ne va certainement pas résoudre la question de la confiance dans la vaccination. Mais il y a urgence sanitaire à le faire pour remettre tout un système en ordre de marche, et ainsi mettre un terme à cette résurgence de maladies que l’on croyait disparues. Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment des individualismes ont pu ainsi fissurer la notion de bien collectif ? Une des réponses est que l’Etat a laissé s’installer une défiance envers les vaccins.
Reposant sur des mécaniques complotistes bien connues, ce mouvement a pu se nourrir à la fois de vrais échecs (H1N1, hépatite B) mal gérés par la puissance publique, d’un déficit de transparence, mais également d’une absence de réponse au doute insidieux qui s’est installé. Une absence de réponse de la société dans son ensemble, y compris des médecins eux-mêmes. Quand certains pays connaissent des taux de vaccination supérieurs aux nôtres alors que la pratique n’est que recommandée, nous voici aujourd’hui dans l’obligation de prendre des mesures sans traiter le mal profond. L’Etat se retrouve dans la position d’un médecin qui décide de traiter uniquement les symptômes d’une maladie. Il faudra beaucoup de pédagogie pour retrouver de la sérénité sur ce dossier. Faire à nouveau comprendre tout ce qu’il y a à gagner. Ce qui se joue en toile de fond est tout simplement la question du vivre ensemble, car on se vaccine pour soi et pour les autres. Et n’oublions pas l’essentiel : il s’agit d’abord de la protection des enfants.