Fin mai, Emmanuel Macron accueillait le président russe Vladimir Poutine à Versailles, en grande pompe monarchique. Ce jeudi, c'est Donald Trump qu'il invite au restaurant Jules-Verne de la tour Eiffel. Dans la presse américaine, on s'amuse de ce choix, le locataire de la Maison Blanche goûtant peu le homard cru, spécialité du lieu. Le journaliste Chris Crowley prévient ainsi : «Le président Trump n'a pas le palais le plus sophistiqué. Mais, comme il n'avait pas voulu se soumettre aux tactiques de serrage de mains de Trump, le président français Emmanuel Macron ne cédera pas au régime de steaks et de fast food de Trump.»
L'Elysée a vendu la carte postale au couple Donald et Melania Trump. Selon le programme, à 15 h 30, ils seront accueillis aux Invalides pour une cérémonie militaire à l'issue de laquelle un petit intermède historique est prévu. Visite du musée des Invalides, arrêt devant les plaques commémoratives de maréchaux de la Première Guerre mondiale et le tombeau de Napoléon, e t, enfin, «présentation du bâton de maréchal offert par les Etats-Unis», décrit la présidence française. Un parcours taillé sur mesure pour le chef d'Etat dont la concentration ne dépasse pas les cinq minutes chrono (selon certains de ses conseillers). Les vraies affaires commencent à 16 h 30 quand les deux hommes se retrouvent à l'Elysée pour un tête à tête d'«une heure, une heure quinze», selon la Maison Blanche. Au menu : la lutte contre le terrorisme, à peu près le seul terrain d'entente actuel entre les deux gouvernements, reconnaît-on à l'Elysée. Côté français, on promet quand même de glisser un mot ou deux sur le climat. Le lendemain, pour la fête nationale, Trump sera l'invité d'honneur au défilé militaire sur les Champs-Elysées.
Ceux qui veulent voir dans cette visite un symbole d’une tentative de Macron de se placer comme l’intermédiaire entre les Etats-Unis et l’UE en colère font fausse route. L’Elysée comme la Maison Blanche le martèlent : Trump, en pleine affaire sur ses liens avec la Russie, est simplement venu célébrer le centenaire de l’entrée en guerre de son pays, en 1917. Pour Macron, un autre enjeu de taille persiste : montrer que «Paris reste Paris», malgré les allégations contraires de son homologue américain. Trump va en prendre plein la vue. Tant mieux, he loves it.