Avec leurs noms de «Démon», «Superdémon», «Claque doigt», «Fusée», «Mitraillette»… les pétards continuent à faire des victimes chaque année à l’occasion des grandes fêtes. Cela, malgré la réglementation française sur la vente et l’utilisation des feux d’artifice ainsi que les contrôles de polices renforcés à la veille du 14 juillet. En Ile-de-France, on dénombre chaque année une cinquantaine d’accidents dus à la manipulation de pétard. Des accidents aux conséquences parfois dramatiques, qui causent des brûlures et même des amputations et autres lésions que les médecins assimilent à des blessures de guerre.
Les enfants de 10 à 14 ans sont les plus touchés par ces accidents, auxquels se mêlent occasionnellement des adultes. Amoureux de feu d'artifice, Romain Cottura, 27 ans se retrouve avec un groupe d'ami dans un parc parisien aux environs de 1h00 du matin le 14 juillet 2015, pour célébrer la fête nationale en son et lumière. Quelques jours avant, il avait acheté deux pétards «Cobra 6» sur un site en ligne. Romain veut allumer la mèche, mais elle est défaillante : le pétard explose dans sa main. «Je n'ai plus de majeur à la main gauche, les autres doigts sont coupés à moitié. Seul mon auriculaire est encore intact».
Après 10 jours à l'hôpital et 6 mois de rééducation, Romain Cottura, responsable de secteur dans le milieu du tabac, dit que lorsqu'il se rend à certains rendez-vous professionnels il dissimule sa main meurtrie. «Il ne faut jamais tenir un pétard dans la main et n'utiliser que des pétards légers, autorisés en France» recommande-t-il aux jeunes.
Avoir la conscience du danger
Les médecins du service SOS main qui gèrent le plus souvent ces accidents, mènent des opérations de sensibilisation sur les risques liés à l'utilisation de feux d'artifice. «Ce sont vraiment des armes, des mortiers. Il faut se poser la question et avoir conscience qu'il y a des jeunes derrière qui ne connaissent pas le danger», soutient le Dr William Mamane. Selon ce médecin qui exerce au sein du groupe Ramsay Générale de Santé, les mains, le visage, les yeux et les oreilles sont les organes les plus touchés par les accidents de pétards. «Tenir un explosif dans la main cause des brûlures et des amputations de doigts» insiste le médecin qui appelle les parents à plus de vigilance.
En cas d'accident, le Dr William Mamane conseille de bander «le membre blessé avec un linge propre, se rendre à l'hôpital et consulter le service SOS main». En Ile-de-France il existe un service par département.
Légalement, les «artifices de divertissement» sont rangés en quatre catégories, qui sont communes à tous les pays de l’UE depuis le début de l’année 2017. Les enfants ont accès aux pétards de catégorie 1 à partir de 12 ans. Seules les personnes majeures peuvent acheter des pétards de catégorie 2 et 3. La catégorie 4 est réservée à l’usage de professionnels.
Dans un communiqué de presse publié sur son site internet, la Préfecture de police rappelle qu'«il est interdit de façon permanente d'utiliser des artifices la nuit dans les zones urbanisées et sur la voie publique ainsi que dans tous les lieux où se tient un rassemblement de personnes et dans les immeubles d'habitation». Une réglementation quelque peu malmenée notamment à l'occasion du 14 Juillet, les pétards faisant partie de la fête.