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Libération
Interview

Contre Tarek Mahraoui : «Ne pas remplacer APB par des prérequis coercitifs»

Tarek Mahraoui, vice-président du syndicat étudiant Fage (Fédération des associations générales étudiantes) s’oppose à l’instauration de «prérequis coercitifs».
par Thierno Moussa Bah
publié le 17 juillet 2017 à 20h36
87 000 étudiants n’ont pas reçu d’affectation. L’université semble débordée. Etes-vous favorable à une sélection ?

La Fage s’oppose à toute forme de sélection. Il ne s’agit pas de remplacer la sélection opérée par APB avec ses hasards et ses échecs par une autre avec l’instauration de prérequis coercitifs (lire ci-dessus). On fait face à une saturation des filières et un taux d’échec considérable qui peut atteindre jusqu’à 60 % en licence. Il faut améliorer l’orientation des lycéens, travailler sur le développement des capacités d’accueil des universités et permettre la spécialisation progressive des lycéens et des nouveaux étudiants.

Comment réagissez-vous face au nombre de bacheliers laissés sur le carreau ?

Pour nous, c’est une situation inacceptable, qu’on avait vue venir. Avec les limitations des capacités d’accueil dans les universités, aujourd’hui on se retrouve au pied du mur. Le système éducatif a besoin d’être réformé. Quand on permet à l’élève de se créer un parcours et de se spécialiser en fonction de ses compétences, ça aide à travailler sur son orientation et à choisir la filière qui correspond le mieux. Aujourd’hui, des étudiants vont dans des filières dont ils ignorent tout du contenu pédagogique.

APB a-t-elle atteint ses limites ?

APB a déshumanisé les processus d’orientation. Au lieu d’être accompagnés, les bacheliers se retrouvent sur une plateforme dans laquelle ils doivent mettre leurs vœux et à l’arrivée, ils ne sont pas orientés selon leurs souhaits. Il faut réhumaniser le processus pour donner à chacun des outils pour s’orienter dans une filière qui lui correspond et dans laquelle il se sentira à l’aise.

Qu’attendez-vous de la concertation avec le ministère ?

Le ministère table sur des solutions pour la rentrée 2018. Mais il faut déjà des réponses pour les 87 000 étudiants qui se retrouvent sans rien. Ce n’est pas en coupant 331 millions dans le budget de l’Enseignement supérieur que l’on va pouvoir accueillir un nombre d’étudiants toujours plus important.

Si vos propositions ne sont pas retenues, qu’allez-vous faire ?

Si à la rentrée, l’Etat ne trouve pas de solution pour les bacheliers qui souhaitent s’orienter dans le supérieur, comme pour ceux qui veulent poursuivre en master, nous nous mobiliserons de manière importante.