Menu
Libération
Inavouables

J'ose aimer… la cantine, j'ose détester… Lena Dunham

Chaque jour de la semaine, les passions et les haines honteuses de la rédaction de «Libération».
Puisqu'on vous dit que la cantine, c'est merveilleux. (Photo AFP)
par Emmanuèle Lavinas
publié le 17 juillet 2017 à 17h16

Illégitime défense

Byzance à la cantine

Moi, j’aime pas la gastronomie, ça m’emmerde autant que de claquer 25 boules dans une brasserie médiocre pour un plat et un café ou de bouffer un taboulé maison devant l’ordi. Tandis que la cantine, elle a tout pour elle : ça coûte le prix d’un plat chez le chinois, c’est la farandole de la liberté du manger (tu prends trois entrées si tu veux ou deux desserts), il y a même un puits de lumière, c’est dire si c’est gai et sympa. Y aller, c’est déjà tout un voyage, rameuter les collègues, sortir de taule, euh des bureaux, aller dans la rue, passer les contrôles de sécu que tu te croirais à Roissy. Ensuite, on choisit son «fish point», son atelier «cuisine du monde» ou «tradition», son «grill» pour les vrais hommes. On s’émerveille devant les entrées, le choix des plats et on observe discrétos la sociologie de la cantine : qui mange avec qui, la Kommandantur est-elle descendue, qui s’empiffre de quoi… Et surtout, on daube sans fin. C’est ça, l’esprit cantine.

Légitime défonce

Lena Dunham, une vraie faux-cul

Finalement ça finit par être aussi chiant que Very Bad Trip et aussi gonflant que ces pauvres «mamans» qui se revendiquent mauvaises mères parce qu'elles boivent un coup de blanc avec les copines. Donc, le pitch c'est je suis grosse, moche, ce qui est indéniable, je fais dans le pseudo trash parce que je suis une rebelle des diktats en sus d'être la «voix d'une génération» : Lena Dunham, je suis contente que ça soit pas la mienne et d'avoir l'âge d'être ta mère, de pouvoir dire haut et fort que ta série, Girls, j'ai pas dépassé trois épisodes de cul glauque, de bite couilles chatte, de situations humiliantes au nom d'un néo-féminisme qui, vu de mon chignon, n'a ni «clit», comme tu dis élégamment, ni tête. Dans ton opus commercial de 2014, Not That Kind of Girl, on oscille entre l'ado girly attardée et une vulgarité revendiquée, attention je dis «fouf» toutes les deux minutes et je te fais un chapitre entier sur mes règles douloureuses, dont on se tamponne velu la clavicule. Tout ça pour perdre tes kilos à peine le dernier épisode de la série tournée et afficher un tour de taille très dans le diktat, euh ?