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Libération
Interview

Aurélien Beaucamp : «Beaucoup de jeunes gays ne savent pas comment [le VIH] se transmet.»

Aurélien Beaucamp, président de l'association Aides
publié le 18 juillet 2017 à 20h56

Une étude publiée mardi et réalisée auprès de 2 646 individus sollicités dans des lieux de convivialité gays dans cinq villes (Lille, Lyon, Montpellier, Nice et Paris) conclut à des comportements à risques chez les jeunes homos. 28 % des personnes interrogées admettent avoir eu au moins une relation sexuelle non protégée. 14,3 % des sondés se sont révélés séropositifs, une part à peu près similaire aux autres villes européennes. En revanche, la part des moins de 30 ans est plus élevée en France. Analyse d’Aurélien Beaucamp, président d’Aides.

Y a-t-il un défaut de prévention ?

Aujourd’hui, on a tous les outils, l’offre de dépistage est importante. Le problème, c’est la responsabilité de l’Etat. Il n’y a plus de prévention de base. L’Education nationale doit engager des investissements à l’image de ceux entrepris dans les années 90 où des journées de prévention étaient organisées dans les collèges et lycées. Il faut néanmoins relativiser cette étude. Tous les homos ne se rendent pas dans les lieux gays. L’autre problème réside dans les modes de rencontres. On ne peut pas agir sur les sites. Certaines sociétés privées tissent des partenariats avec nous.

Pourquoi les jeunes sont moins sensibilisés ?

Récemment, la parole homophobe s’est libérée, avec le débat sur le mariage pour tous notamment. Lorsqu’ils évoluent dans un cadre qui cultive le tabou, à l’école, dans la famille ou entre amis, les jeunes n’évoquent pas leur sexualité. Sur le terrain, on rencontre énormément de jeunes gays qui ne savent pas comment le sida se transmet.

Craint-on moins le sida aujourd’hui ?

Avant, pour prévenir, on faisait peur. Maintenant, on ne meurt plus du sida, mais on vit avec toute sa vie. Et on vit plutôt bien avec des traitements plus ou moins lourds. Aujourd’hui, c’est vrai, il y a une communication paradoxale. Pour autant, le VIH est toujours perçu comme une infection honteuse.