On l'a tous fredonnée, sans jamais trop l'analyser : «Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l'envers. Le grand saint Eloi lui dit : "Mon roi ! Votre Majesté est mal culottée. C'est vrai, lui dit le roi, je vais la remettre à l'endroit."»
Comptine enfantine pour certains, charabia métaphorique pour d’autres, cette chansonnette – dont on vous épargne les 23 autres couplets – a su, décennies après décennies, retenir l’attention de tous les petits écoliers et de leurs parents un brin désabusés (elle n’était pas assez chouette cette Souris verte ?). Il faut avouer que le petit père Dagobert inspire presque de la sympathie.
Sénile, appauvri, cocu… Il n'y a pas à dire, le dernier roi mérovingien de notre histoire (600-639 environ) a vécu une drôle de vie. Mais pourquoi était-il tant déprécié ? En vérité, cette mélodie ricanante ne lui était pas destinée : la chanson populaire n'a été écrite qu'au XVIIIe siècle. Et la cible était le monarque Louis XVI et sa garde rapprochée. En pleine Révolution française, les sans-culotte ont préféré casser du sucre sur le dos du bon vieux Dago – trop ancien et donc trop peu connu à l'époque – pour se préserver de représailles malencontreuses. Echappant à la censure, les auteurs de la chanson se sont lâchés : Louis XVI en ressort alcoolique, benêt, mauvais catholique… Il y est aussi un piteux chef des armées, un mauvais gestionnaire et un amant déplorable. Bref, un roi tellement inapte à la couronne qu'il ne sait comment porter les habits princiers (la fameuse culotte à l'envers). Il a bon dos, Dago.