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Libération
Éditorial

Déni

publié le 20 juillet 2017 à 20h56

La France est malade du conflit d'intérêts. Depuis longtemps et dans beaucoup de conclaves où pouvoir et argent font trop souvent bon ménage. On se souvient que le scandale du Mediator avait révélé au grand jour les liens entre autorités de santé, élus de la République et laboratoires pharmaceutiques. Rien que cette année, on a découvert médusé qu'un député (en l'occurrence François Fillon) pouvait, en toute opacité mais en toute légalité, toucher, en plus de son indemnité parlementaire, 775 000 euros via sa société de conseils et de prestigieux clients comme Fimalac ou Axa. On a aussi appris qu'un autre député (en l'occurrence l'ex-socialiste devenu En marche, Richard Ferrand) pouvait, là encore en toute légalité, défendre devant l'hémicycle une proposition de loi qui concernait au premier chef son employeur (les Mutuelles de Bretagne). Depuis trop longtemps, nos parlementaires ont vécu dans un confortable et très rémunérateur déni. On aurait pu penser que ces deux affaires, à elles seules, auraient suffi pour inciter le législateur à modifier la loi. Il n'en est rien. Le projet de loi «rétablissant la confiance dans l'action publique» (c'est son nom) ne fait aucune avancée majeure en la matière. Que les lobbyistes de tous poils se rassurent, le conflit d'intérêts à la française a encore de beaux jours devant lui. Des solutions simples existent pourtant. Pendant la campagne, Libération avait soumis à tous les candidats six engagements pour moraliser la vie publique. Le premier stipulait «l'interdiction pour tout député et sénateur de toucher une autre rémunération privée que son indemnité parlementaire, sauf si le déontologue certifie une absence avérée de conflit d'intérêts». Déjà à l'époque, Emmanuel Macron nous avait répondu sur cette question par le plus grand flou. Au moins on ne pourra pas déplorer une promesse non tenue.