Un «poète revendicatif» ! Soufflant sur des braises incandescentes, Christophe Castaner a réussi, avec cet étrange alliage, à raviver la polémique sur le traitement réservé au chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers. Eric Ciotti a ainsi jugé «scandaleux» ces propos contre le «général courage». Jeudi, tandis qu'Emmanuel Macron s'employait à rassurer des militaires choqués par l'humiliation publique de leur chef, le porte-parole de son gouvernement expliquait au Figaro que Villiers avait mérité les reproches qui ont provoqué sa démission.«Le chef d'état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa démission», souligne Castaner, évoquant la publication dans la presse de la lettre de démission du général. Surtout, le porte-parole avait à cœur de faire savoir que le recadrage, prononcé le 13 juillet par le chef de l'Etat, n'avait «rien à voir» avec l'audition de Villiers la veille à l'Assemblée. Mécontent des coupes budgétaires, le général avait expliqué qu'il n'était pas homme à se «faire baiser par Bercy». Selon Castaner, Villiers aurait eu ces derniers mois un «comportement inacceptable» en lâchant en «off» des confidences à des journalistes et en dissertant publiquement sur son blog.

Pour le porte-parole, il s'agissait de répondre au trouble de nombreux élus, y compris LREM, qui comprennent mal qu'un officier supérieur ait pu être sanctionné pour s'être exprimé dans le huis-clos de la commission de la défense. C'est pourquoi Castaner a jugé utile de rappeler que le général s'était permis, à rebours de tous les usages, d'«interpeller» des candidats pendant la présidentielle : Fillon, en décembre dans les Echos, sur sa cure d'austérité. Et Macron, à la veille du premier tour, en laissant entendre dans Challenges qu'il démissionnerait si ce dernier était élu.

Ces dérapages anciens justifient-ils, comme le suggère Christophe Castaner, le recadrage de Macron ? L’explication serait convaincante si le Président n’avait pas choisi, début juillet, de reconduire Villiers dans ses fonctions.