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Libération
Témoignage

Sophie Quesnot, auxiliaire de vie à Lisieux (Calvados) : «C’est sur mon dos qu’ils font leurs économies»

par Benjamin Morin, correspondant à Caen
publié le 24 juillet 2017 à 20h46

«Moi qui cherche à m'en sortir, je ne me sens vraiment pas encouragée.» Sophie Quesnot est auxiliaire de vie auprès d'une personne handicapée. A 36 ans, elle gagne 1 200 euros par mois, auxquels s'ajoutent 240 euros de prime d'activité. «C'est toujours sur les plus démunis qu'on tape, c'est fatigant», soupire la Lexovienne. Mère d'une fille de 18 mois, elle est la seule à travailler au sein de son couple. «Mon compagnon est au chômage. Il n'a plus le droit au RSA. Je compte au centime près, alors 5 euros en moins, c'est énorme sur mon budget !» Le couple habite le quartier de Hauteville, un secteur défavorisé de Lisieux (Calvados). Tous les mois, Sophie paye 305 euros de loyer. «Il y a un an, j'ai perdu 110 euros d'APL quand j'ai commencé à travailler. Et là, ça recommence. C'est usant.» L'auxiliaire de vie a voté Mélenchon au premier tour de la présidentielle, blanc au second. La décision de toucher au montant des APL l'a surprise. «Les APL, c'est pour les gens dans le besoin. C'est quoi la prochaine étape ?» s'interroge-t-elle. «Le gouvernement promet de supprimer la taxe d'habitation. Mais on va être retaxés derrière sur autre chose. C'est sur mon dos qu'ils font leurs économies.» L'auxiliaire de vie travaille à 15 km de chez elle. Depuis plusieurs semaines, sa voiture est en panne. «Je suis encore allée au CCAS [centre communal d'action sociale, ndlr] vendredi pour obtenir un microcrédit. Je n'y ai pas le droit, je ne rentre pas dans les cases.»