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Terrorisme

«Le père Hamel a été réduit au silence, mais la haine n’a pas triomphé»

Procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvraydossier
Un an après l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), une cérémonie en présence du président de la République a rendu hommage au prêtre assassiné dans son église par deux jeunes djihadistes.
A Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), ce mercredi. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 26 juillet 2017 à 14h44

La stèle à peine dévoilée, les deux sœurs du père Jacques Hamel, Roselyne et Chantal, y posent délicatement la main. Jouxtant la petite église du XVIe siècle de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le monument, discret et sobre, reprend la déclaration universelle des droits de l’homme. «Notre chemin d’horizon», appuie Hubert Wulfranc, l’ancien maire communiste de la ville, devenu en juin député.

A l'hommage du prêtre catholique assassiné il y a tout juste un an – en pleine messe, par deux jeunes djihadistes se réclamant de l'Etat islamique –, l'heure est à la concorde républicaine. «Le martyre du père Hamel n'aura pas eu lieu pour rien», déclare Emmanuel Macron, venu assister aux cérémonies religieuse et républicaine. Sa présence a été annoncée au dernier moment. Il était accompagné du Premier ministre, Edouard Philippe, et du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. L'habituel Conseil des ministres qui se tient le mercredi a été déplacé à vendredi.

«Remercier l’Eglise de France»

«Les deux terroristes ont certainement cru semer la soif de vengeance et de représailles parmi les catholiques de France. Ils ont échoué. Mon premier mot sera pour remercier l'Eglise de France», avance le chef de l'Etat. Le discours est bref, à la tonalité rassembleuse. Le président Macron rend hommage aux trois religieuses «si courageuses», présentes lors de l'attentat. L'une d'elles avait réussi à s'échapper pour donner l'alerte tandis que les deux autres nouaient un dialogue avec les assaillants. Lors des cérémonies de mercredi, elles sont installées au premier rang.

Photo Marc Chaumeil pour Libération

Aux catholiques français, le chef de l'Etat envoie un message de remerciement «pour avoir trouvé la force du pardon». L'ancien élève des jésuites emploie une rhétorique à la consonance religieuse et développe une conception consensuelle de la laïcité : «Lorsque c'est la foi qui soutient cet idéal, elle a toute sa place dans la République.» Le chef de l'Etat demande aussi aux religions de mener le combat «pour que jamais la haine et le repli, la réduction de ce que nous sommes ne puissent l'emporter». En juin, lors du repas officiel de rupture de jeûne du Conseil français du culte musulman (CFCM), il avait demandé aux responsables des cultes de s'engager dans la lutte contre la radicalisation.

Contrer la stratégie de division de l’EI

A Saint-Etienne-du-Rouvray, les plaies sont encore vives et l'émotion aussi. «La cicatrisation va être longue», estime le nouveau maire Joachim Moyse. Cependant, chacun est soulagé que le dialogue ait prévalu pour contrer la stratégie de division de l'EI. «Nous avons noué des relations que je n'aurais pas imaginées», confiait, il y a quelques mois, à Libération, Hubert Wulfranc. Immédiatement après l'attentat, les gestes de fraternité se sont ainsi multipliés entre les communautés musulmane et catholique. Lors de la messe qu'il a célébrée, mercredi matin, à l'heure même de l'attaque, l'archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, l'a souligné : «Le père Hamel a été réduit au silence. Mais la haine n'a pas triomphé. Elle ne triomphera pas.»

Sœur Danièle, victime de l’attaque, et Roseline Hamel. Photo Marc Chaumeil pour Libération