Menu
Libération
Billet

A l’Assemblée, des couacs mais aussi des révélations

(Photo Thomas Samson. AFP)
publié le 28 juillet 2017 à 17h56

Folle semaine au Palais-Bourbon, où l’on a tenté de voter dans une ambiance souvent délétère la loi censée contribuer à rétablir la confiance entre les citoyens et leurs représentants. Pas sûr que les images des débats, qui ont tourné en boucle, aident à améliorer ladite confiance. Au-delà du fond du texte, qui contient plus de progrès que de renoncements mais esquive encore nombre de sujets majeurs, attardons-nous sur la forme, largement décriée au sein du Parlement comme par les commentateurs.

L’amateurisme, depuis le début de la session, de plusieurs vice-présidents LREM de l’Assemblée et de nombre de députés de la majorité est incontestable. Et certains dysfonctionnements ont été notables. Qui dit renouvellement dit inexpérience, on entend l’argument. Il y a d’ailleurs bien des professionels de la politique qu’on ne regrette pas une seconde. Mais était-il besoin de mettre ainsi en difficulté des élus amenés à présider des débats houleux sous le feu des critiques de «l’ancien monde» ? On peut aussi se demander pourquoi le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, celui du groupe LREM, Richard Ferrand, et le secrétaire d’Etat en charge des Relations avec le Parlement, Christophe Castaner (qui ne semble occuper que son rôle de porte-parole du gouvernement), tous trois déjà élus sous la précédente mandature, n’ont pas davantage chaperonné leurs troupes. A l’Elysée, les images en provenance de l’Assemblée nationale ont irrité.

Si Jean-Luc Mélenchon n’a jamais brillé par sa présence ou son travail au Parlement européen, le groupe qu’il préside désormais à l’Assemblée nationale fait forte impression. Plus qu’un groupe, c’est un pack diablement efficace. Entre agit-prop - la polémique sur le port de la cravate, le paquet de pâtes brandi dans l’hémicycle pour dénoncer la baisse de 5 euros des APL - et obstruction pédagogique visant souvent à élargir le champ des débats aux pouvoirs de l’argent. Derrière «Méluche», Adrien Quatennens, Alexis Corbière, Danièle Obono ou François Ruffin tirent souvent les débats vers le haut.

Ces premières semaines à l’Assemblée en disent aussi long sur l’état de décrépitude dans les rangs LR, divisés, et plus encore sur les bancs socialistes décimés de la Nouvelle Gauche (autoproclamée). Peu mobilisés (on retiendra toutefois l’amendement Batho interdisant aux assistants parlementaires d’être par ailleurs rémunérés par des lobbys) et largement inaudibles sauf quand il s’est agi de multiplier les rappels au règlement (autant d’initiatives légitimes sur le fond mais souvent pète-sec sur la forme), force est de constater qu’ils poussent beaucoup de cris d’orfraie mais qu’ils proposent peu. Trop peu. Laissant de fait La République en marche face à la seule France insoumise, l’une comme l’autre ravies de ce pas de deux.