«Plus une personne à la rue», «loger tout le monde dignement», «des hébergements d'urgences partout» d'ici la fin de l'année. Emmanuel Macron ne mâche plus ses mots quand il s'agit des réfugiés. Hier, le Président s'est fendu d'un énième discours truffé d'éléments de langage lors d'une cérémonie de naturalisation à la préfecture d'Orléans. Mais derrière ces objectifs louables, qui ne sont encore que des mots, on peine à comprendre comment le gouvernement compte réaliser ses promesses ambitieuses en matière d'accueil et d'intégration.
Engorgement
Plus personne à la rue d’ici fin 2017 ? Au regard des directives du plan sur l’asile, présenté par Edouard Philippe le 12 juillet dernier, cet objectif est encore une chimère. Face au système d’accueil complètement saturé, le gouvernement compte bien ouvrir 7 500 nouvelles places d’hébergement, mais pas avant 2018. Plus exactement 4 000 l’année prochaine, et 3 500 en 2019. A moins que le plan tel qu’il a été énoncé ne soit modifié, les près de 800 migrants qui se sont déjà installés aux abords du centre de premier accueil de la porte de la Chapelle depuis sa dernière évacuation (à raison d’une cinquantaine d’arrivées par jour), le 7 juillet, seront condamnés à vivre dehors jusqu’en 2018… Quoi qu'en dise Emmanuel Macron.
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Face à l'engorgement actuel du système, on pourrait penser que de nouveaux centres de premier accueil, sur le modèle de l'établissement humanitaire du nord de Paris, pourraient voir le jour afin de mieux répartir les demandeurs d'asile sur le territoire. C'était d'ailleurs la principale proposition de la maire de Paris Anne Hidalgo : créer de nouveaux centres pour désengorger Paris et le nord de la France. Mais, là encore, le gouvernement dit non, pendant que le Président martèle vouloir «des hébergements d'urgence partout».
Quatorze mois
Outre l’accueil, Emmanuel Macron compte aussi réformer en profondeur les procédures de demande d’asile, en réduisant leur temps de traitement à six mois, depuis l’enregistrement de la requête jusqu’à la réponse de l’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). L’objectif est ambitieux, car près de deux ans après la loi asile (2015), qui avait déjà pour but de réduire la procédure à neuf mois, le système stagne encore à quatorze mois. Sans réel engagement chiffré, si ce n’est le renforcement des moyens octroyés à l’Ofpra et à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), l’objectif risque lui aussi d’être réduit à peau de chagrin. Combien le gouvernement compte-t-il véritablement mettre sur la table pour l’accueil et l’intégration des réfugiés ? Après les paroles, il va falloir passer aux actes.