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control freak

Statuts de LREM : le tribunal valide mais prolonge la consultation des militants

Saisi par des marcheurs en colère, le TGI de Créteil a validé le vote mais a prolongé la consultation de quinze jours. Une décision qui ne devrait cependant pas retourner la situation selon les contestataires.
Paris, le 12 juillet 2016 à la Salle de la Mutualité. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 1er août 2017 à 17h53

Le parti du Président sanctionné sur la forme. La République en marche, qui espérait annoncer mardi 1

er

août le feu vert de ses adhérents pour entamer une mue organisationnelle en ligne avec la culture très control freak d’Emmanuel Macron, va devoir prendre son mal en patience.

Saisi le 25 juillet par des marcheurs en colère d’une demande d’annulation du vote sur les nouveaux statuts du mouvement, le tribunal de grande instance de Créteil a rendu une décision mi-chèvre mi-chou : la consultation est validée. En revanche, le vote devra être prolongé de quinze jours, faute de ne pas avoir respecté un délai d’un mois entre la convocation des adhérents et le scrutin.

Pour les plaignants, c’est une petite victoire.

«On a joué notre rôle de lanceurs d’alerte»

,

se félicite Rémi Bouton, animateur parisien et fer de lance de la contestation.

«On a braqué les projecteurs sur l’absence de démocratie interne que consacrent ces nouveaux statuts et sur les insuffisances de l’actuelle direction : organiser un vote, en urgence au cœur de l’été, sur une base électorale pas saine puisque certains adhérents ont pu voter jusqu’à dix fois, c’est n’importe quoi.»

A rebours

Depuis le 8 juillet, la gronde monte au sein de La République en marche. Ce jour-là, bon nombre des 3 200 animateurs du mouvement découvrent avec incrédulité le contenu des nouveaux statuts du parti. Plusieurs des ingrédients à l’origine du succès du parti de Macron sont au menu : parité des instances, non-cumul des mandats, maintien de l’adhésion gratuite et possibilité de double appartenance partisane.

Manque néanmoins l’essentiel. A rebours complet de la

«démocratie participative»

célébrée par son candidat, la base est marginalisée dans la future gouvernance : seuls 25% des sièges du conseil national - le parlement du parti - sont réservés aux adhérents (sur tirage au sort) ; la direction quant à elle garde la haute main sur les 75% restants, répartis entre référents territoriaux (les préfets de LREM) qu’elle désigne, et élus dont elle décide l’investiture…

Plus fort encore : à la différence du PS ou de LR, les élections internes sont proscrites. Pour apaiser la base, la direction lâche un peu de lest en facilitant les saisines par la base. Pas suffisant pour apaiser tous les esprits.

«On a fait campagne sur la démocratie participative et on ne l’applique pas dans notre propre parti. Ce n’est pas acceptable»,

s’indigne Jeanne Dupendant, une des 32 signataires du recours en justice.

«Cette centralisation est voulue»

assume l’avocat Jean-Pierre Mignard, un des juristes à avoir planché sur la nouvelle architecture du parti.

«Cela doit permettre d’éviter une pétrification du débat d’idées dans des représentations de courants, comme on a pu l’observer au PS ou chez LR. Notre souci a été d’assurer la cohérence entre la ligne du parti et le Président.»

De l’avis même des contestataires, l’issue du scrutin même prolongé de quinze jours ne fait guère de doute. Reste que la mise au jour de ce manque de démocratie interne de LREM pourrait bien, en l’absence d’aménagement des règles, doucher beaucoup d’enthousiasmes. Un petit caillou dans le jardin du Président.