Benoît Hamon est populaire dans le monde entier. Du moins, c'est ce que laisse penser la carte interactive sur le site du Mouvement du 1er juillet (M1717). Jour après jour, des comités de soutien naissent dans des pays improbables. Inde, Estonie, Norvège, Finlande, Pologne, Sénégal, Liban… L'initiative transpartisane lancée il y a un mois serait en passe d'acquérir une dimension internationale. «Ça nous dépasse et c'est ça qui est intéressant. Nous n'avons rien fait pour les créer, nous n'avons d'ailleurs pas d'objectif à atteindre. Ces comités se créent d'eux-mêmes avec la plus grande liberté», se satisfait une cadre du mouvement à Paris. La semaine dernière, ils étaient 13, désormais ils sont 16.
Alors on a décidé d'appeler en Norvège, pour en savoir un peu plus. Mauvaise pioche. «Mais comment m'avez-vous trouvée ?» s'étonne Rosa, membre du comité basé à Oslo. Sans trop de difficulté à vrai dire. Un coup d'œil sur la page officielle Facebook du groupe a suffi. «Je n'habite pas en Norvège mais en Haute-Savoie. Je suis dans ce groupe parce que j'admire énormément la civilisation des pays nordiques», poursuit cette hamoniste de 47 ans. Ces groupes de soutien étrangers seraient-ils composés de Français, domiciliés en France ? Visiblement, c'est le cas pour certains.
Membre à Dakar en deux clics
Pour s'assurer que c'est possible, Libération a tenté l'expérience. Plus exactement, c'est Jean-Pierre, notre militant imaginaire inventé pour l'occasion qui s'y est collé. Après la création de son compte depuis la France, en deux clics, voilà notre Jean-Pierre membre du comité de soutien à Dakar (Sénégal) et à Maharashtra (Inde).
Au Liban, comme en Norvège, la cellule de soutien à Benoît Hamon pendant la présidentielle s'est transformée en comité. En revanche, Julie Vautard, créatrice du groupe, n'habite pas dans l'Hexagone mais bien à Beyrouth. Depuis cinq ans, elle travaille dans un camp de réfugiés palestiniens de la capitale libanaise. Et depuis cinq semaines, elle tente de diffuser les idées de Benoît Hamon auprès de la communauté française qui compte près de 20 000 personnes. «Je n'ai pas une influence très importante, j'en suis bien consciente. Ça reste du militantisme de base. Pour le moment, c'est vrai qu'il n'y a pas grand monde quand on organise quelque chose mais ça va venir avec la rentrée», lâche cette militante PS de 33 ans qui s'est ralliée à Hamon.
«Des Time’s up avec les idées de Benoît Hamon»
Les pays ont beau s'enchaîner, les kilomètres s'additionnent – enfin au téléphone –, mais le scénario reste souvent le même. A New York aussi, le comité M1717 est l'émanation du groupe de soutien au vainqueur de la primaire socialiste. Et là encore, l'activité du groupe n'est pas vraiment au beau fixe. «A l'heure actuelle, nous ne sommes absolument pas en route», explique Louise, hamoniste outre-Atlantique.
«Tout prendra une autre ampleur une fois les vacances terminées», explique-t-on à Paris. Ce qui n'empêche pas de distiller les premières consignes. Mercredi, une flopée de mails à destination des quelque 322 comités locaux recensés en France, et à l'étranger, a été envoyée. Parmi les pièces jointes : une charte graphique à respecter, une proposition de financer le mouvement ainsi que «le petit manuel provisoire des comités locaux». Epais de 10 pages, le livret propose une «boîte à outils» pour rendre attractifs les rendez-vous des comités. Dans la rubrique «Bonnes pratiques pour animer vos réunions», des jeux de rôles sont recommandés histoire de rendre les débats plus ludiques. «Pendant la campagne présidentielle, on faisait déjà des Time's up avec les idées de Benoît Hamon», s'amuse Julie Vautard depuis Beyrouth.
Le M1717 a prévu de rassembler ses comités à l'automne pour leur «donner de la cohérence». Les comités étrangers ont donc quelques mois pour renforcer leurs effectifs et ainsi dépasser le statut de simple outil de communication sur une mappemonde.