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Libération
Éditorial

Miettes

publié le 6 août 2017 à 20h16

Il y a un an à cette heure-ci, nul n'imaginait que le Parti socialiste, une des deux plus grandes forces politiques du pays depuis plusieurs décennies, se retrouverait peu ou prou au même niveau que ses cousins grec (le Pasok) ou espagnol (le PSOE), peinant à peser plus de 6 % à la présidentielle. Certes, la lutte interne des frondeurs, la déchéance de nationalité et les manifs contre la loi travail avaient jeté un vrai trouble au sein de la famille socialiste. Certes, un jeune ministre de l'Economie manifestait des envies d'émancipation et aimantait déjà les regards. Mais le PS restait cette vache sacrée que l'on pensait continuer, quoi qu'il arrive, à trouver statufiée sur la route du pouvoir avec ses privilèges et ses certitudes. Aujourd'hui, il est en miettes. A sa décharge, il n'est pas le seul. Sur sa droite, LR a été fissuré par l'effondrement de Fillon et l'avènement d'un Macron revendiquant une partie de ses valeurs. De ce champ de ruines à gauche peut-il émerger une force nouvelle, un projet, un homme ou une femme providentiel(le) ? Pour l'heure, c'est morne plaine. «Tu désertais, victoire, et le sort était las», disait Victor Hugo dans l'Expiation. Avec une direction collégiale comptant 28 personnes, presque autant que le nombre de députés sauvés par le PS à l'Assemblée, on ne voit pas comment le parti peut se rebâtir vite. D'autant que les rescapés sont divisés. Le salut peut-il venir des jeunes socialistes ? A lire l'enquête que nous publions, rien n'est moins sûr. Entre les hamonistes, les vallsistes, les macronistes, tous ces -istes dévastateurs pour l'union de la gauche, les juniors semblent reproduire les mêmes divisions que leurs aînés. Pour se reconstruire, le PS n'a qu'une issue. Se raccrocher à ses valeurs : la justice, la liberté, la solidarité, l'égalité des chances. Loin d'être obsolètes comme l'appareil, elles risquent d'être fort utiles dans les mois et les années à venir.