Elue municipale, régionale, députée, sénatrice, conseillère technique dans plusieurs cabinets ministériels et deux fois ministre sous la présidence de François Hollande : Nicole Bricq avait un CV politique bien rempli. Agée de 70 ans, elle siégeait encore au Sénat où elle avait été réélue en 2011.
Samedi soir, alors qu'elle se trouvait sur son lieu de vacances, l'ancienne ministre a fait une «chute accidentelle dans un escalier», a indiqué Philippe Bonnefoy, son ancien chef de cabinet au ministère du Commerce extérieur, cité par l'AFP. Transportée à l'hôpital de Poitiers, elle est décédée tôt dimanche matin.
Le premier mandat politique de Nicole Bricq, c’est un siège au conseil régional d’Ile-de-France où elle préside la commission culture. On est au milieu des années 1980. A l’époque, elle est membre du Ceres de Jean-Pierre Chevènement, alors à l’aile gauche du Parti socialiste. Trente ans plus tard, elle sera l’une des premières parlementaires PS à apporter son soutien à Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, avec d’autres sénateurs comme Gérard Colomb, François Patriat ou Bariza Khiari. Entre-temps, elle s’était investie aux côtés de Dominique Strauss-Kahn dans le courant Socialisme et démocratie.
Les méchantes langues disent d'elle, qu'elle fait partie de ces socialistes qui «ont commencé leur carrière à la gauche du parti et qui ont dérivé carrément à droite». Investie en juillet dernier pour conduire en Seine-et-Marne, la liste LREM aux sénatoriales du 24 septembre prochain, elle avait finalement renoncé à la suite de dissensions avec un de ses colistiers, un élu local issu des rangs de LR.
Nicole Bricq était connue pour son caractère bien trempé. Chef de file du PS lors de débats portant sur des projets de loi au Sénat, il lui arrivait de couper la parole aux sénateurs de son propre groupe si elle jugeait que leur intervention – sur un article de loi ou un amendement – avait assez duré. Hors hémicycle, les explications avec les autres parlementaires socialistes pouvaient se révéler si vives «que certains quittaient la pièce», témoigne un ancien sénateur. «Mais une fois que les choses étaient dites, les relations redevenaient complètement normales. Elle n'était pas rancunière». Il arrivait parfois à Nicole Bricq de s'affranchir des avis ou consignes venant de la direction du Parti socialiste, clamant devant qui voulait l'entendre : «Je me fous des barbus de la rue de Solférino.»
Certains de ses collègues disent d'elle, qu'à force de mandats électifs et de fonctions dans l'appareil gouvernemental, elle s'était lentement déconnectée du réel. «Elle s'était vraiment embourgeoisée», dit un ancien ministre socialiste. En mars 2014, elle avait ainsi provoqué une mini-crise politique en qualifiant de «dégueulasse» un repas servi à l'Elysée lors de la réception du président chinois où elle était conviée comme ministre du Commerce extérieur. «Il faut le dire, il faut le dire», avait-elle insisté, en soufflant son appréciation à l'oreille de l'épouse du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, mais suffisamment fort pour que des micros captent son propos. Au menu ce soir-là : foie gras truffé, volaille landaise rôtie, viennoise de champignons, moelleux de pommes de terre forestières, nuance de caramel et glace. Le tout arrosé de grands crus ! Cette sortie peu appréciée par l'Elysée et très moquée sur les réseaux sociaux, l'avait amenée à présenter ses «plus plates excuses» à Guillaume Gomez, le chef cuisinier du palais présidentiel.
Mais parmi les sénateurs qui l'ont côtoyée, chacun dit d'elle que c'était une grande bosseuse. «C'était une parlementaire très solide sur les questions budgétaires», souligne Thierry Repentin, ancien sénateur PS de Savoie.
Nicole Bricq avait commencé sa carrière de ministre par un bref passage d’un mois au ministère de l’Ecologie, d’où elle aurait été débarquée suite à des pressions des milieux pétroliers. Elle avait ensuite été nommée ministre du Commerce extérieur pendant deux ans, de juin 2012 à mars 2014. Avec l’arrivée de Valls à Matignon elle n’avait pas été reconduite au gouvernement.