Il vient d’être nommé : Patrick Gérard succède à Nathalie Loiseau à la tête de l’ENA, cette dernière étant devenue ministre des Affaires européennes. Et comme sa prédécesseure, il n’est pas un ancien élève de l’Ecole nationale d’administration.
Cet ancien professeur de droit public de 59 ans a pour tâche de transformer radicalement cette institution, conformément aux vœux d'Emmanuel Macron. Le nouveau directeur est censé agir «sans aucun dogme et aucun tabou pour faire en sorte que demain par exemple, ceux qui sortent les mieux placés de cette école n'aillent pas vers des institutions mais plutôt vers des priorités politiques», a rapporté le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Ancien giscardien (il fut président du Mouvement des jeunes giscardiens de 1981 à 1986), il a commencé en 1993 sa carrière dans l’administration d’Etat en devenant conseiller au cabinet de François Bayrou alors que ce dernier était ministre de l’Education nationale.
Un établissement critiqué
Par la suite, il occupera trois fois la fonction de recteur d’académie : la première de 1994 à 1996 dans l’académie d’Orléans-Tours, la seconde de 2002 à 2004 dans celle de Bordeaux, et enfin de 2008 à 2012 dans celle de Paris. On lui doit notamment la modification du système d’affectation des élèves entrant au lycée à Paris, qui a permis d’accroître de plus d’un tiers la mixité sociale dans les établissements de la capitale durant son mandat de recteur.
Le nouveau directeur au profil très Macron-compatible aura fort à faire pour réformer l’ENA. L’établissement, créé en 1945, fait régulièrement l’objet de critiques. Lors de sa campagne pour la primaire de la droite et du centre, Bruno Le Maire promettait de la supprimer complètement s’il était élu, arguant qu’elle forme davantage de hauts fonctionnaires parachutés ensuite dans de grandes entreprises nationales que des spécialistes des questions politiques. Airbus, Air France, Capgemini, Peugeot, Vinci… Autant de géants qui ont été dirigés par d’anciens énarques.
Emmanuel Macron n’entend pas supprimer l’ENA, mais il espère bien être l’homme qui la réformera. Objectif : former des élites de l’administration, et non pas des élites des institutions telles que la Cour des comptes ou le Trésor.