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Gyn&Co, à chaque genre suffit sa peine

Un collectif féministe rassemble sur son site des témoignages de femmes victimes de «violences gynécologiques» ou de remarques homophobes, et propose une liste de médecins à l’écoute.
Un spéculum, qui sert lors de certains examens gynécologiques. (Photo Science Source. Getty Images)
publié le 15 août 2017 à 20h06

Comment échapper aux expériences gynécologiques malheureuses ? Aux remarques déplacées, aux refus ? Comment aussi ne pas se sentir (mal) jugée en raison de son orientation sexuelle, de son genre ? En 2013 naissait un collectif féministe destiné à secouer le cocotier, à dire «marre des soignants et soignantes qui ont des pratiques sexistes», ainsi que «lesbophobes, transphobes, putophobes, racistes, classistes, etc.». Mais aussi à s'échanger des bonnes adresses. C'est ainsi qu'un an plus tard naissait leur blog participatif d'entraide entre patientes. Son nom : Gyn & Co. L'objectif est de permettre à toutes les femmes et aussi aux minorités de genre de bénéficier de gynécologues, généralistes et sages-femmes bienveillants (sans mépris, sans paternalisme…), et plutôt féministes. Chacune remplit un questionnaire en ligne afin de conseiller tel ou tel professionnel de santé. A ce jour, le site propose 484 fiches de médecins en France métropolitaine et outre-mer, et 6 000 usagères en moyenne chaque mois.

«Depuis le début, nous fonctionnons en petit groupe (une douzaine actuellement) de personnes concernées par les consultations gynécologiques, explique le collectif à Libération. Donc il s'agit essentiellement des femmes cisgenres [dont l'identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance, ndlr] et trans, bien entendu, mais aussi des hommes trans et des personnes intersexes.» Depuis sa naissance, le collectif accumule des témoignages sur «certains médecins qui se permettent de faire la morale aux femmes ayant contracté une infection sexuellement transmissible (IST), ou encore d'insister lourdement pour que leurs patientes fassent des enfants lorsqu'elles n'en veulent pas. Ou de refuser carrément de faire des frottis à des lesbiennes». Bien sûr, chez Gyn & Co, on a suivi de près la polémique sur le trop grand nombre d'épisiotomies en France : «Nous militons contre cette forme de mutilation, d'ailleurs déconseillée par l'OMS, dont les séquelles sur les corps des femmes peuvent être importantes (douleurs durables, rapports sexuels difficiles, traumatisme psychologique). D'autant plus que les déchirures naturelles, qui surviennent à la suite de l'accouchement, sont la plupart du temps superficielles et se réparent facilement.» Selon le collectif, cette affaire «révèle l'étendue du phénomène des violences obstétricales en France, pays où les médecins refusent encore trop largement de remettre en cause leurs mauvaises pratiques». Pays aussi où, selon Gyn & Co, «d'autres problématiques d'ordre gynécologique sont carrément ignorées, tels la santé sexuelle des lesbiennes et des trans, la stérilisation volontaire, les problèmes de libido, les traumatismes liés au viol» : «Quid de la prise en compte de tous les corps, les sexualités, les conditions de vie des personnes ?»