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Libération
Éditorial

Malaise

publié le 15 août 2017 à 20h06

Nous mettons les femmes au défi de lire les témoignages recueillis dans ces pages sans s’interroger sur leur propre expérience et ressentir un profond malaise. Soyons clairs : il ne s’agit pas là de dénoncer des pratiques ni de critiquer un milieu médical soumis à rude épreuve ces dernières années du fait des réductions budgétaires et de la détérioration des conditions de travail. Les progrès de la médecine et l’engagement de beaucoup ont permis à nombre de femmes infertiles d’avoir des enfants, de réduire considérablement les problèmes liés à l’accouchement et surtout la mortalité infantile, cela ne sera jamais assez salué. Mais justement, à force de se concentrer sur l’essentiel, la vie et la mort, peut-être la médecine a-t-elle oublié au passage de s’interroger sur des actes qu’elle perpétue de façon quasi automatique. Il a fallu que la secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, évoque le taux d’épisiotomies effectuées en France (75 % selon elle) pour que beaucoup réalisent que cette intervention, devenue quasi systématique lors d’un accouchement, n’a en réalité rien d’obligatoire (sauf dans certains cas). Et qu’il s’agit donc d’une violence gratuite d’autant plus insupportable que le consentement de la femme est rarement demandé. Idem pour l’examen gynécologique. Cela n’a l’air de rien, mais combien de femmes ont été traumatisées à vie par leur premier examen, jambes écartées devant un médecin ou un groupe d’étudiants ? C’est comme ça, il faut en passer par là et serrer les dents, affirmaient les générations précédentes. Et bien non, cette époque paternaliste et infantilisante est révolue. Et tout ce qui pourra être entrepris pour faciliter la relation qu’une femme entretient avec son corps doit être tenté. Ce con-là, vu son importance, mérite bien écoute, respect et attention…