Vous rêvez de passer deux jours en compagnie d’Alain Juppé ? Rendez-vous à Bordeaux ce week-end. Vous préférez Laurent Wauquiez ? Filez à Lyon samedi ou le dimanche 3 septembre au mont Mézenc (Haute-Loire). Vous souhaitez plutôt retrouver vos ex-compagnons fillonistes ? Cap à l’ouest, vers La Baule, toujours début septembre. Vous êtes sarkozyste ? Pas de panique, vous ne serez pas en reste. C’est même à vous qu’il revient - avec les juppéistes - de sonner la rentrée des classes de votre parti, lors de l’université d’été du Touquet, ce week-end, dans le Nord-Pas-de-Calais.
En revanche, ne vous attendez pas au même menu que l’année dernière. La carte des invités ne contient évidemment aucun candidat à la primaire de novembre. Seuls Valérie Pécresse (présidente de la région Ile-de-France), Xavier Bertrand (président des Hauts-de-France), Natacha Bouchart (maire de Calais) et Eric Woerth (ancien ministre du Budget) seront présents.
Bernard Accoyer, le secrétaire général de LR, a beau demander à ses troupes de ne partir «ni à droite ni à gauche» pour mieux «se rassembler», la rentrée du parti se fait en ordre plus dispersé que jamais. Entre ce samedi et le 8 septembre, pas moins de six rassemblements sont prévus par les sections de jeunes militants, chargées de l'organisation des universités d'été - les «constructifs» fermeront le ban les 6, 7 et 8 à Nice.
Pour la direction de LR, hors de question de voir dans cet éparpillement un symbole de morcellement politique. «Cela permet de faire des économies, tout en offrant la possibilité pour nos militants de se rassembler plus facilement», explique-t-on du côté du QG parisien. Voilà pour la version officielle, pas fausse mais parcellaire. Un dirigeant des Jeunes Républicains livre pour sa part une version sans langue de bois : «On n'arrive pas à organiser un seul et unique grand rassemblement comme nous avons su le faire dans le passé. Cette année, ça me paraît bien compliqué de réunir sur une même scène Laurent Wauquiez et Alain Juppé.» Un permanent s'efforce toutefois de positiver : «Même si nous ne sommes pas tous forcément au même endroit, cela ne nous empêchera pas de travailler ensemble à la reconstruction. Nous organiserons dans chaque lieu des ateliers où chacun pourra donner son avis sur la suite.»
Fiasco
Un travail collectif, donc, mais chacun dans son coin. Reste que la rentrée éclatée de LR n'est pas le seul signe d'un parti qui peine à se remettre des dernières débâcles électorales. Preuve en est, ils sont plusieurs à développer leurs propres mouvements politiques, comme Valérie Pécresse avec Libres !, Daniel Fasquelle avec Sauvons la droite et Guillaume Peltier avec La Droite forte. Et même les élus moins médiatisés s'y mettent. Un eurodéputé (Philippe Juvin), deux conseillers départementaux (Camille Bedin et Arnaud Murgia) et un parlementaire (Fabien Di Filippo) ont lancé leur courant, Les Nouveaux Républicains, qui prétend «refonder la droite de l'intérieur». Dans ces conditions, le parti a de bonnes chances de connaître de nouvelles secousses avec l'élection de son nouveau président. En 2012, au lendemain de la défaite de Sarkozy, ce scrutin s'était soldé par un tragique fiasco. Cinq ans après, la situation de la droite n'est guère plus apaisée.
Anecdotique
En attendant le grand favori, Laurent Wauquiez (président de la région Auvergne-Rhône-Alpes), une flopée de candidatures pourrait se faire connaître dès ce week-end. Outre l’anecdotique Laurence Sailliet, proche de Xavier Bertrand et seule candidate à ce jour, circulent aussi les noms de Florence Portelli (ancienne porte-parole de François Fillon), Daniel Fasquelle (député du Pas-de-Calais), Roger Karoutchi (sénateur des Hauts-de-Seine) ou encore Virginie Calmels (adjointe au maire de Bordeaux). A l’exception de Wauquiez, aucun poids lourd ne sera donc candidat à cette élection, programmée mi-décembre. Il est vrai que les statuts de LR stipulent que le futur champion de la droite pour la présidentielle de 2022 devra être désigné par une primaire. Un exercice dont les sarkozystes ne veulent plus entendre parler.