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Libération
Éditorial

Renouveau

publié le 25 août 2017 à 20h46

Opposition ? Dispersion, confusion, déréliction… Disparition ? Pas tout à fait. Les ennuis d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe, les fractures sociales toujours béantes, la résilience des vieux partis, la persistance des courants d'idées ouvrent un champ d'action aux opposants. Mais en attendant, quelle pétaudière ! La droite ne sait plus où elle habite et se divise entre «constructifs» autour de Solère et purgatifs autour de Wauquiez. La gauche est écartelée entre macronophiles qui veulent une opposition de Sa Majesté, et macronophages qui bouffent du social-libéral toute la journée. Le PS jivarisé est en réanimation lente ; Hamon, le PCF et les Verts font des expériences sur l'assemblage des nanoparticules ; La France insoumise, la seule à se faire entendre, est plus confiante mais toujours aussi binaire et atrabilaire ; elle veut bien dialoguer avec d'éventuels partenaires, à condition qu'ils disent la même chose qu'elle. Le Front national, enfin, se remet lentement du KO subi par Marine Le Pen dans le débat contre Emmanuel Macron. Euro ou pas euro ? «Ni droite ni gauche», comme le voulait Philippot, ou bien extrême droite de droite comme le souhaitent ses procureurs ? Le FN est dans la posture d'Hamlet, contemplant le crâne bavard de Jean-Marie Le Pen. Etre ou ne pas être un parti présentable… A vrai dire, les discussions d'appareils et les chocs d'ambition, cinq ans avant une nouvelle échéance nationale, sont parfaitement déplacés. Avant de savoir ce qu'elle peut, cette opposition éparpillée façon puzzle doit d'abord savoir ce qu'elle veut. C'est-à-dire clarifier ses idées. Paradoxalement, elle dispose d'un atout : virulent, amer, mais foisonnant, le débat intellectuel est vivant, à droite et même à gauche. Radicalité ou réforme ? Identité ou universalité ? Nation ou Europe ? Fin du travail ou fin du chômage ? Revenu universel ou productivisme soutenable ? Humanité augmentée ou humanisme nostalgique ? Technologie ou technophobie ? Les thèmes de débat - et de renouveau - ne manquent pas. L'heure n'est pas aux calculs mais aux réflexions. En politique, désormais, il va falloir penser. Voilà une expérience nouvelle.