Valentin Amblard, 19 ans, Eure «Je ne voulais pas passer un an à ne rien faire»
«L'année dernière, je n'avais déjà pas eu ce que je souhaitais sur APB. J'avais eu 11,8 à mon bac S. J'ai dû me lancer dans une licence d'anglais à Rouen, je ne voulais pas passer un an à ne rien faire. J'ai eu ma première année. Là, j'ai demandé des IUT en génie mécanique dans plusieurs villes. Je suis en bonne place sur liste d'attente à Alençon et au Havre, j'ai été refusé ailleurs. Je cherche toujours en procédure complémentaire. Si je ne trouve rien, je retourne à Rouen, mais je sais que je ne travaillerai pas. Je suis en colère, le gouvernement annonce qu'il ne reste plus qu'entre 3 000 et 5 000 étudiants sur APB, mais ils ne disent pas combien ont choisi une filière par dépit… J'ai sollicité l'Unef [Union nationale des étudiants de France], mais je n'ai pas eu de réponse sur leur plateforme. Je trouve que le site n'est pas très bien construit avec pas mal de bugs.»
Valentin a finalement reçu une proposition d'APB pour un IUT en génie mécanique au Havre. Il l'a acceptée.
Lauren Lolo, 19 ans, Val-d’Oise «On devrait tous avoir une place»
«J’ai eu un bac ES mention bien en 2016. J’ai fait un DUT Techniques de commercialisation. Je suis tombée malade en plein milieu de l’année et j’ai dû être hospitalisée pour une scoliose. Dans tous les cas, je voulais me réorienter.
Sur APB, j’ai demandé des licences non sélectives en science politique et droit et une prépa ENS. Malgré mon dossier, ils préféraient prendre des bacheliers de cette année. En plus, je ne peux pas bouger de la région parisienne à cause de mon état de santé. J’ai une possibilité de licence à distance à Paris-II Panthéon-Assas, mais c’est plus difficile pour apprendre et j’ai besoin de contact. On devrait tous avoir une place.
Je ne pense pas faire partie de ceux qui abandonneront au premier semestre. Je suis allée directement voir à l’université de Nanterre, ils m’ont dit qu’ils me rappelleraient s’ils avaient une place. J’avais joint mon attestation handicapé à mon dossier.»
Quelques jours plus tard, Lauren a finalement été avisée par courrier qu'elle y avait été admise.
Auréliane Maillot, 18 ans, Seine-saint-denis «on dirait que la motivation, ça ne compte pas»
«J’ai postulé sur APB en premier choix à un DUT Carrières juridiques à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), puis à un BTS notariat au lycée Maurice-Ravel à Paris, et dans des facultés de droit. J’ai fait des lettres de motivation, en donnant tout ce que j’avais. Je m’imaginais commencer quelque chose de nouveau. Je veux vraiment le BTS, je retenterai la procédure complémentaire à la rentrée. Je ne lâcherai pas, quitte à attendre un an.
On donne leur chance à ceux qui ont des bonnes notes : on dirait que la motivation ça ne compte pas. Mes notes, moi, c’était mitigé car j’ai fait une dépression. Mon père travaille dans un lycée, et le secrétariat rouvre bientôt, j’espère que ça m’aidera. La fac c’est un environnement qui ne me plaît pas. Je n’ai pas envie de perdre une année. Je regrette d’y avoir postulé dans APB. En ce moment, je travaille en tant qu’hôtesse dans le prêt-à-porter : je vais peut-être faire ça un an. Sinon je compte participer aux manifestations et, si je n’ai pas de place, j’étudierai la possibilité d’une action en justice.»