La ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé mardi matin son souhait d'armer les drones utilisés par l'armée de l'air française. «Le processus d'armement est lancé», a-t-elle déclaré à Toulon. Jusqu'ici, ces engins pilotés à distance ne servaient qu'au renseignement. Les six Reaper que la France possède ont été achetés à l'industriel américain General Atomics en 2013, et directement prélevés sur les stocks de l'US Air Force. Leur utilisation par l'armée française nécessite donc l'accord du Congrès américain. Pour les armer aussi, Paris devra obtenir un feu vert de Washington.
La décision annoncée par Florence Parly est d'autant moins une surprise que la France, l'Italie et l'Allemagne travaillent sur un projet de drone armé européen, qui doit voir le jour en 2025. La ministre des Armées a tenu à dissiper «les craintes et amalgames». En somme, à justifier cet aggiornamento que l'exécutif précédent n'avait pas osé : «Non, un drone armé n'est pas un robot tueur. L'armement des drones ne change rien aux règles d'engagement [de l'ouverture du feu] et au respect du droit international humanitaire .»
L'argument avait été soulevé par deux sénateurs dans un rapport : si les drones armés ont mauvaise presse, estimaient-ils, c'est à cause des campagnes d'assassinats ciblés menées par les Etats-Unis au Yémen, au Pakistan ou encore en Somalie. Mais ces appareils peuvent aussi être utilisés dans le cadre d'opérations extérieures conventionnelles. C'est évidemment l'exemple qu'a choisi Florence Parly pour illustrer le bien-fondé de sa décision : «Au Sahel [où la France intervient depuis 2013], nos Reaper permettent de surveiller, d'identifier et de suivre les cibles. Mais dès qu'il s'agit de traiter ces cibles, il faut faire appel à d'autres moyens, avions ou hélicoptères de combat.» Armer les drones permet donc de raccourcir le délai entre identification et ouverture du feu. Cinq des six drones français sont actuellement au Niger, pour l'opération Barkhane.