Météo France a défini l'ouragan Irma comme « le plus extrême ayant sévi sur l'océan Atlantique». Dans la journée de mercredi, le phénomène s'est intensifié en progressant vers l'est, et a causé des dégâts matériels importants sur les îles françaises de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, ainsi que le petit archipel indépendant de Barbuda-et-Antigua. Mercredi soir, à 21 h 30, un premier bilan faisait état de deux morts et deux blessés graves à Saint-Barth et Saint-Martin. Emmanuel Macron, qui réunissait à Paris une cellule de crise à 19 heures, anticipait un bilan «dur et cruel». Et annonçait d'ores et déjà un «plan national de reconstruction». La ministre des Outre-Mer, Annick Girardin est partie en Guadeloupe dans la soirée, avec des «renforts humains et matériels»,afin de mesurer la situation dans les «îles du Nord» (Saint-Martin, partagée entre la France et les Pays-Bas, et Saint-Barthélemy). Selon Météo France, le cyclone s'éloignait pour se diriger vers les îles Vierges et Porto Rico, qui devaient être touchés dans la nuit de mercredi à jeudi.
«Black-out total»
Plusieurs heures après le passage du cyclone dans les îles du Nord, les informations étaient rares. Peu après 14 heures, heure de Paris, la préfecture de Guadeloupe diffusait un communiqué alarmant : pour Saint-Barthélemy, «black-out total, centrale électrique inutilisable, caserne des sapeurs-pompiers inondée, engins hors-service». Pour Saint-Martin, même black-out électrique, «préfecture en partie détruite, la préfète et 23 personnes réfugiées dans une pièce bétonnée». Des photos ont circulé dans la journée sur les réseaux sociaux : hôtels ravagés, toitures arrachées, voitures renversées…
L'œil du cyclone, d'environ 50 km de diamètre, est resté environ quatre-vingt-dix minutes sur Saint-Barthélemy avant d'atteindre Saint-Martin. Les deux îles avaient été placées dans la nuit en alerte violette, avec confinement des populations. «Les dégâts matériels sont déjà importants», a déclaré Annick Girardin, évoquant notamment la préfecture de Saint-Martin, et des inondations. Les autorités n'avaient pas connaissance dans la soirée de pertes humaines, mais les communications restaient très difficiles. Dans la partie néerlandaise de Saint-Martin, les dégâts sont «énormes» mais «il n'est pas encore possible de s'en faire une idée», a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur des Pays-Bas.
Une soixantaine de professionnels de la sécurité civile ont été envoyés en renfort. «Les équipes sont sur place, a précisé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Deux équipes supplémentaires vont venir du continent, une autre va venir de la Guadeloupe», où la vigilance cyclone a été levée, et qui va servir de «hub logistique».
Irma, ouragan de catégorie 5, maximum sur l'échelle d'intensité cyclonique, avait touché Barbuda, injoignable depuis. D'après les premiers éléments disponibles, de nombreuses toitures ont également été arrachées. Selon les correspondants de l'AFP à Saint-Martin et Saint-Barth, confinés chez eux lors du passage du cyclone, des rafales de vent ont secoué les deux îles depuis 2 heures du matin, accompagnées de pluies diluviennes et d'éclairs. L'électricité était coupée, les connexions téléphoniques interrompues. Partout, écoles et administrations avaient été fermées, les populations du littoral en partie évacuées. Mais Annick Girardin a exprimé «l'inquiétude» gouvernementale après qu'environ 7 000 personnes ont refusé de se mettre «à l'abri», malgré «l'ordre» de la préfecture aux personnes habitant près de la mer, dans des zones inondables ou soumises à la houle marine, de se réfugier en lieu sûr.
Urgence
Après les îles Vierges britanniques, Irma devait «passer au nord de Porto Rico», déjà touché par d'intenses pluies. Les habitants de certains secteurs ont été évacués. Le système électrique, fragile, a cessé de fonctionner par endroits. Par la suite, le cœur d'Irma devrait cependant «éviter Haïti et la République dominicaine, puis Cuba en restant au nord des terres», a indiqué Météo France. Dimanche il pourrait se rapprocher de la Floride, placée en état d'urgence. Donald Trump, propriétaire d'une villa en vente depuis plusieurs mois à Saint-Martin, a assuré sur Twitter suivre avec attention la progression de l'ouragan.