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Affaire des stups : le parquet de Paris demande le dépaysement

Ciblée par la défense, la juridiction parisienne a décidé de se dessaisir de deux dossiers visant François Thierry, l'ancien patron des stups mis en examen pour «complicité de trafic de stupéfiants».
François Thierry, après une saisie de 2,5 tonnes de cannabis, le 14 décembre 2012 à Nanterre. (Photo Patrick Kovarik. AFP)
publié le 7 septembre 2017 à 7h24

Nouveau big bang procédural dans l'affaire des stups. Deux semaines après la mise en examen du commissaire François Thierry pour «complicité de trafic de stupéfiants», l'enquête judiciaire visant l'ancien patron de l'Office des stups est sur le point d'être dépaysée. Une requête qui n'émane pas des personnes mises en cause, mais du parquet de Paris lui-même, au nom du principe d'«impartialité objective».

Dans ce dossier explosif, ouvert en octobre 2015 suite à la découverte de 7,1 tonnes de cannabis en plein Paris, François Thierry est soupçonné d'avoir favorisé l'importation de plusieurs dizaines de tonnes de cannabis avec la complicité de son principal indic, Sofiane H., sous couvert d'une opération d'infiltration. Au vu de la gravité des faits déjà établis, une procédure de retrait d'habilitation d'officier de police judiciaire a par ailleurs été engagée contre lui.

Juge et partie

Mais les soupçons de collusions entre le commissaire et certains magistrats parisiens, qu'il accuse d'avoir couvert une partie de ses trafics, apparaissent aujourd'hui incompatibles avec une enquête sereine dans la capitale. C'est la ligne de défense adoptée depuis des semaines par François Thierry et son ancien indic, dont les avocats pilonnent méthodiquement le parquet de Paris, accusé d'être juge et partie dans ce dossier. «Si François Thierry est un trafiquant, alors monsieur Molins [le procureur de Paris, ndlr] est son complice», attaquait récemment dans Libé Joseph Cohen-Sabban, qui défend Sofiane H. Une charge violente contre les juges alimentée en off par certains hauts cadres de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), le tout dans un silence assourdissant du ministère de l'Intérieur.

Après évaluation des documents transmis par le parquet de Paris, le Parquet Général a saisi à son tour la Cour de cassation, qui devra décider si le dossier est dépaysé. Cela ne fait guère de doutes. Selon nos informations, l’autre enquête visant François Thierry et les méthodes des Stups, ouverte en 2015 suite aux révélations de l’ancien infiltré Hubert Avoine, vient déjà d’être dépaysée. Elle a été confiée début août à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lyon.