Les professionnels de santé volent au secours de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Touchées par l'ouragan Irma, le plus violent en près de 30 ans dans la région, les deux îles antillaises sont dans un état d'urgence sanitaire. Le bilan, encore provisoire, s'élève déjà à quatre décès et une cinquantaine de blessés. Accompagnés de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, plusieurs corps de métier ont été envoyés sur place en renfort dans le cadre de la réserve sanitaire.
Avant de décoller pour Pointe à Pitre avec les renforts. Tous les services de l'État sont mobilisés. #Irma pic.twitter.com/t5d4zlN9V8
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) September 6, 2017
Inscrit dans le Code de santé publique, le dispositif a été créé en 2007 en guise de réponse à l'épidémie de chikungunya qui avait frappé l'île de la Réunion l'année précédente. Plus de 2000 professionnels de santé volontaires composent aujourd'hui son réseau. Nicole Pelletier, directrice «alerte et crise» à l'agence Santé publique France, et Clara de Bort, cheffe de la réserve sanitaire, racontent cette spécificité française.
Pourquoi avoir mobilisé la réserve sanitaire, dans le cas d’Irma ?
Dès que les prévisions météo ont mis en évidence l’arrivée d’un ouragan, le ministère a anticipé la catastrophe sanitaire à venir. Une pré-alerte a été lancée dès dimanche soir, pour nous laisser le temps de mobiliser l’ensemble des professions réquisitionnées. Mardi, l’alerte a été officiellement confirmée. Nous avons donc lancé, sur la journée de mercredi, l’acheminement des équipes et du matériel. Nos vingt réservistes sont arrivés à Saint-Martin dans la nuit de mercredi à jeudi et sont déjà au travail pour soulager les équipes médicales antillaises. Cela constitue une équipe déjà très conséquente pour nous, que nous sommes parvenus à mettre sur pied en moins de 48 heures.
En quoi consiste son action ?
Chaque crise est différente et peut exiger médecins, infirmiers, sages-femmes ou techniciens… Dans chaque cas, l’Agence régionale de santé (ARS) concernée décide des procédures à suivre et des forces à mobiliser. Elle peut choisir de mélanger les réservistes aux équipes locales, comme elle peut choisir de leur affecter une mission précise. Dans le cas de l’ouragan Irma, il s’agit à la fois de soins et d’une aide à la coordination. La réserve sanitaire a une connaissance des catastrophes que certaines équipes locales n’ont pas, notamment en matière d’évacuations. Nous pouvons aider les professionnels de santé locaux à s’organiser, de façon à gérer la crise le plus efficacement possible. L’ARS de Guadeloupe, également en charge de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, a également sollicité un poste sanitaire mobile (PSM). Il s’agit pour nous de fournir, indépendamment de la réserve sanitaire, des médicaments et du matériel chirurgical nécessaires pour prodiguer les premiers soins.
Depuis 2007, nous avons mené une centaine d’interventions (voir la carte interactive ci-dessous). Si 75 % de nos actions se font en direction des Outre-mer, il nous est aussi arrivé de répondre à des sollicitations internationales ou régionales. Ces derniers mois, la réserve sanitaire a permis de consolider les effectifs de certains hôpitaux sous-tension, comme à Nice ou à Brest.