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Loi travail : «Ça va encore réduire les marges de manœuvre des représentants du personnel»

Magali Hieron-Ekuka, 49 ans, est gestionnaire clientèle dans le secteur bancaire, à Paris. Elle est aussi membre de la direction nationale de l’UGICT-CGT, la CGT des cadres. (Photo Boris Allin. Hans Lucas pour Libération)
publié le 12 septembre 2017 à 20h56

Magali Hieron-Ekuka, 49 ans, est gestionnaire clientèle dans le secteur bancaire, à Paris. Elle est aussi membre de la direction nationale de l’UGICT-CGT, la CGT des cadres.

«Cette réforme est loin d’être équilibrée. Le gouvernement dit qu’il veut augmenter la compétitivité des entreprises et leur permettre de s’adapter, en offrant, en contrepartie, une sécurisation aux salariés. Mais dans notre secteur, on sait que cela est faux. Nous sommes un peu pilotes, en première ligne, car, du fait de la révolution numérique, nous avons été les premiers à être touchés par des restructurations en cascade. Or, face aux grands groupes du secteur, qui sont très puissants et qui viennent avec des experts très au fait de ce que la loi permet de faire, il n’y a pas tellement de négociation possible. La situation est déjà catastrophique et cette nouvelle loi ne va faire qu’empirer les choses. Elle va encore réduire les marges de manœuvre des représentants du personnel pour faire valoir les droits des salariés lésés. La fusion des instances représentatives du personnel va notamment être du sur-mesure pour les employeurs, puisqu’elle va entraîner une réduction des moyens et donc une diminution de la proximité des élus avec les salariés et de leur réactivité. Autre exemple : chez nous, dans le secteur bancaire, nous avons de plus en plus de souffrance au travail, liée au sous-effectif et aux exigences de performance des directions. Or, avec la forfaitisation des préjudices que les salariés peuvent obtenir aux prud’hommes, cela sera moins incitatif d’aller devant les tribunaux.

«La situation des cadres est particulièrement problématique. Ils sont pris dans des injonctions contradictoires. Ils sont entre le marteau et l’enclume. D’un côté, ils se doivent d’être loyaux et de relayer la parole de l’employeur. De l’autre, sur le terrain, ils doivent gérer l’activité au quotidien, les situations de crise, le manque de personnel. Et ils sont surtout en première ligne pour assurer la politique du changement, sans pour autant être associés au projet stratégique de l’entreprise. D’où un problème d’éthique.