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Libération

Incendie d’Aubagne : un ado de 14 ans «fasciné par le feu» mis en examen

A côté d’Aubagne, le 19 août. (Photo B. LANGLOIS. AFP)
par Stéphanie Harounyan, à Marseille
publié le 14 septembre 2017 à 20h26

Près de 250 hectares partis en fumée, 600 pompiers mobilisés, 800 habitations menacées, des riverains évacués et quelque 3 000 voyageurs bloqués dans leurs trains ou en gare… L’incendie survenu le 19 août entre Aubagne et Carnoux (Bouches-du-Rhône) a été l’un des plus destructeurs cet été dans le sud de la France. Après plusieurs jours d’enquête et de surveillance, la Sûreté départementale a confirmé mercredi l’arrestation d’un adolescent de 14 ans qui pourrait être à l’origine du sinistre, ainsi que de nombreux autres départs de feu dans le département.

Le collégien a été interpellé mardi soir, vers 20 h 30 à Aubagne, où il réside. Les enquêteurs, qui l’avaient dans le viseur depuis deux semaines, l’ont arrêté en flagrant délit alors qu’il s’apprêtait à allumer un feu, tout près de l’endroit où l’incendie du 19 août avait démarré. Se laissant embarquer sans résistance, le jeune garçon a été placé en garde à vue. C’est là qu’il a avoué être à l’origine de l’incendie d’Aubagne, ainsi que 18 autres incendies plus mineurs déclarés dans un même périmètre, tout près de son domicile.

Un incendiaire volontaire, c'est la piste que suivait depuis plusieurs jours la Recherche des causes et circonstances d'incendie, où policiers, agents de l'Office national des forêts et pompiers mènent ensemble les enquêtes. «On a rapidement saisi l'aspect sérialité dans ce dossier, explique Mathieu Benquet, forestier référent à la cellule. Entre fin juillet et début août, les faits se sont accélérés, avec plusieurs mises à feu sur une zone très restreinte, parfois à quelques dizaines de mètres de distance. Le mode opératoire était identique, ce qui renforçait l'idée que l'on avait affaire à un même individu.»

Comme souvent chez les pyromanes, le jeune garçon aurait confié aux enquêteurs sa fascination pour le travail des pompiers pour justifier ses actes, le tout associé à «des périodes d'ennui et de désœuvrement», a expliqué jeudi le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux. «L'examen psychiatrique n'a pas mis en évidence de trouble psychologique mais des troubles anxieux majeurs avec des éléments compulsifs et une fascination pour le feu», a-t-il ajouté, indiquant qu'il avait requis le placement en détention provisoire de l'adolescent, jusqu'alors inconnu des services de police. Une information judiciaire a été ouverte pour «destruction volontaire par incendie». Etant mineur, le collégien risque jusqu'à la moitié de la peine encourue pour ce type de crime, soit sept ans de réclusion.

Ce n'est pas le premier pyromane présumé interpellé cette saison. Fin août, un homme d'une quarantaine d'années, soupçonné d'avoir allumé 17 feux autour de Marseille, avait été mis en examen et écroué. Quelques jours auparavant, un autre homme de 19 ans avait été mis en examen pour 16 incendies. «Il était d'autant plus important de mettre hors d'état de nuire ces personnes que la saison n'est pas terminée, se félicite Mathieu Benquet. Il n'a pas beaucoup plu et le mistral devrait encore souffler.»