«Macron se serait-il fait duper par la direction du groupe Nokia lors du rachat ?» C'est une des questions que sont venus poser les représentants des salariés du groupe à Bercy, jeudi. Avec l'espoir qu'une intervention de l'Etat puisse contraindre le géant finlandais des télécoms à changer ses plans. La semaine dernière, alors que le groupe venait d'annoncer sa volonté de supprimer 597 emplois supplémentaires en France d'ici à 2019, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, Benjamin Griveaux, s'était empressé de convier les partenaires sociaux. Objectif ? Déminer un dossier qui pourrait s'avérer épineux pour le Président.
Et pour cause, en avril 2015, celui qui était alors ministre de l'Economie s'enthousiasmait du rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia, évoquant une «opération d'avenir» : «Il n'y aura aucune destruction d'emplois en France. Nous avons eu tous les engagements de la part de Nokia.» A l'époque, le groupe promettait de «renforcer les sites de Lannion et de Villarceaux en faisant de la France un centre d'excellence majeur». Surtout, Nokia promettait de maintenir les effectifs français à 4 200 salariés, et ce au moins jusqu'à fin 2017. Mais aussi d'embaucher 500 personnes dans la recherche et développement. «Nous n'avons jamais été 4 200. Quant au recrutement en R & D, il n'y en a eu que 120», s'agace Bernard Trémulot, de la CFDT.
Pour l'intersyndicale (CFDT, CGT, CFE-CGC, CFTC), le futur plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), qui devrait être enclenché lundi, est «inacceptable». D'autant qu'il pourrait s'accompagner de délocalisations dans des pays à bas coût. Les élus contestent aussi l'argument économique. «Le marché des télécoms est compliqué. Certes, il y a eu des pertes nettes en 2016 [766 millions d'euros, ndlr]. Reste que le résultat opérationnel, lui, est positif», grince le délégué CFDT. Surtout, pointe la CGT, Nokia vient de distribuer «4,4 milliards d'euros aux actionnaires en dividendes et rachat de ses propres actions».