«Ne buvez l'eau du robinet sous aucun prétexte et rappelez-vous que vous avez jusqu'au 30 octobre pour déclarer vos sinistres à votre assureur», alerte Mathilde Munos à l'antenne d'Urgence Info jeudi. Dans le studio 422 de la Maison ronde à Paris, la journaliste n'hésite pas à faire des heures sup pour apporter son aide aux habitants de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Sur le pont depuis 3 heures du matin pour assurer les journaux de France Info, Mathilde Munos rempile pour le 12 heures-14 heures d'Urgence Info. «Les moyens à notre disposition ne sont pas faciles, mais on travaille consciencieusement», estime-t-elle, assurant qu'elle restera impliquée tant que la radio émettra.
«Thérapie». «Ça pourrait encore durer des semaines, tant que les locaux rencontreront des difficultés à se nourrir ou à quitter "les îles du Nord"», juge le directeur de France Info, Vincent Giret, à qui la gestion de la radio éphémère lancée dimanche a été confiée. Les informations relayées à l'antenne sont fournies en temps réel par le ministère de l'Intérieur. En parallèle, dans le studio jaune, Mathilde Munos scrute en permanence les dernières dépêches de l'Agence France-Presse. «On est en ligne avec le curé de Saint-Martin, il est à la recherche de bras pour déblayer l'église», signale-t-on la rédactrice en chef du jour, Nathalie Delpeyrat. En face, un standard téléphonique permet de recueillir des témoignages à l'antenne. «Ce que peuvent raconter les habitants a valeur d'information et de thérapie», juge Etienne Guffroy, chargé de l'offre éditoriale de Radio France.
Emise depuis le pic Paradis à Saint-Martin, Urgence Info cherche à rassurer la population. Mise en place en un temps record, quarante-huit heures, la station est le fruit d'une mobilisation hors norme. La grille ne cesse de s'adapter, au gré des compétences des équipes. «Certains personnels non rédactionnels l'alimentent aussi, se félicite Guffroy. Un de nos chefs de projet a notamment grandi dans les Antilles. Grâce à lui, nous sommes en mesure de proposer des flashs info en créole.»
Isolement. A Saint-Martin comme à Saint-Barthélemy, Urgence Info est disponible 24 heures sur 24 via la fréquence 91.1. Il est aussi possible de l'écouter sur Internet. «Dès vendredi, nous couvrirons l'intégralité de ces territoires», assure Vincent Giret. Une façon de mettre fin au sentiment d'isolement des habitants, privés de tout moyen de communication pendant plusieurs jours la semaine dernière.
Avec Urgence Info, Radio France n'en est pas à son coup d'essai. Le groupe avait lancé des radios éphémères après l'explosion de l'usine AZF à Toulouse en 2001 et le séisme à Haïti en 2010. Jeudi, Giret a transféré un mail à l'équipe investie dans le projet : «Juste pour vous dire à quel point Urgence Info est écoutée et indispensable pour les gens ici, écrit l'envoyé spécial de la radio à Saint-Martin, Matthieu Mondoloni. Vous n'imaginez pas le nombre de personnes qui nous en parlent et pour qui c'est utile, voire vital, d'avoir des infos au milieu des rumeurs.»