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La photo du jour

Réforme du code du travail: Emmanuel Macron signe à résidence

Loi travail, épisode 2dossier
Le chef de l’Etat a paraphé vendredi en direct à la télévision les cinq ordonnances. Un cérémonial qui n’est pas sans rappeler les promulgations à l’américaine.
Emmanuel Macron et ses ministres du Travail et des Relations avec le Parlement, à l’Elysée vendredi. (PHOTO PHILIPPE WOJAZER. AFP)
publié le 22 septembre 2017 à 20h16

«Les cinq ordonnances viennent d'être signées», fait savoir le chef de l'Etat tout en rebouchant le stylo-plume qu'il rangera négligemment dans la poche intérieure gauche de son veston. Face à la caméra, Emmanuel Macron a fait asseoir à ses côtés sa ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.

Larrons. Aucun doute, il s'agit bien du bureau présidentiel. Chacun pourra y reconnaître les objets qui y avaient été disposés pour la photo officielle. Ils n'ont pas bougé. La vieille pendule et les trois volumes de la Pléiade (les mêmes Stendhal, Gide et De Gaulle ?) reposent toujours sur le précieux meuble. Dans une brève intervention diffusée en direct sur les chaînes d'info et mise en ligne sur le site de l'Elysée, Macron célèbre «une réforme menée en un temps record». D'une «ampleur» inédite sous la Ve République, elle refonde «la philosophie de notre droit du travail». Interrogé quelques instants plus tard sur le sens politique et l'utilité de cette «mise en scène», le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a répondu qu'il s'agissait de souligner «un acte politique fort» et un «moment exceptionnel». En paraphant les ordonnances, le chef de l'Etat confirme solennellement «le contrat signé avec les Français le 7 mai 2017», le soir de son élection. L'avenir dira si les prochains textes - loi de finances, sécurité intérieure, logement, formation professionnelle -, sans doute pas moins «exceptionnels», auront droit eux aussi à une signature devant les caméras. Ce cérémonial de la promulgation, une coutume made in USA que même Sarkozy «l'Américain» n'a pas songé à importer, Macron l'avait inauguré le 15 septembre. Sur le même bureau, il signait les «lois sur la confiance», textes sur la moralisation de la vie politique. «Ce que nous avions promis, nous l'avons fait», avait-il proclamé. Pour cette première, le duo ministériel était composé de l'inamovible Christophe Castaner et de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Ils se tenaient à l'américaine, debout de part et d'autre du bureau Louis XVI. De Roosevelt à Trump, la photothèque de la Maison Blanche déborde de compositions du même format. L'Elysée a manifestement jugé qu'à la gauche et à la droite du chef, les deux larrons droits comme des piquets avaient l'air légèrement empruntés. On les a donc faits asseoir…

Décrets. Au lendemain d'une journée de mobilisation poussive de la CGT et à la veille de la démonstration de force de Mélenchon, le chef de l'Etat a tenu à montrer sa détermination. Contestées à des degrés divers par tous les syndicats de salariés, les ordonnances seront publiées au Journal officiel cette semaine, peut-être dès ce week-end. Si beaucoup de mesures pourront s'appliquer sans délai, une vingtaine de décrets doivent préciser d'ici la fin de l'année les modalités de certaines. Restera alors aux citoyens à «faire vivre la réforme», comme le leur a proposé vendredi Macron, les invitant à se saisir des possibilités ouvertes par le texte.

En sortant de l'Elysée, Muriel Pénicaud a indiqué que ces mesures (censées offrir des «solutions pragmatiques» aux PME qui souhaitent «embaucher» pour «conquérir des marchés») allaient faire l'objet d'évaluations confiées à des «experts indépendants» dont les travaux seront «coordonnés» par France Stratégie, organisme «autonome» quoique rattaché à Matignon.