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Libération

Sénat : les «constructifs» au pied du mur

publié le 25 septembre 2017 à 20h36

Un groupe des «constructifs» verra-t-il le jour au Sénat ? Dimanche soir, dès l'annonce des résultats et du revers subi par La République en marche aux élections sénatoriales, la sénatrice Fabienne Keller semblait faire machine arrière toute : «Les annonces du président de la République, assez négatives à l'égard des élus locaux, ont conduit plusieurs de mes collègues à réfléchir», constatait-elle. L'ex-maire de Strasbourg était, avec Claude Malhuret, à l'initiative de la création de l'association «République et territoires-Les indépendants», socle d'un futur groupe au Sénat calqué sur celui des «constructifs» de l'Assemblée nationale, composé d'anciens LR et de députés UDI acquis à la cause d'Emmanuel Macron.

Après cette élection, il n'était donc plus forcément de bon ton de s'afficher comme Macron-compatible. «Ce n'est pas le résultat de ce scrutin qui nous a poussés à nous interroger sur la meilleure façon de défendre notre démarche, mais le résultat des discussions avec mes collègues», corrige Fabienne Keller. Pour elle, deux options restaient ouvertes lundi. Soit la création d'un groupe, soit «l'existence respectée au sein du groupe LR d'une sensibilité qui soutient l'action réformatrice du gouvernement».

«Ce sont les réflexions personnelles de Fabienne Keller, mais nous, nous nous acheminons imperturbablement vers la création de ce groupe. Nous avons déjà neuf sénateurs signataires», corrige Claude Malhuret, qui pense annoncer sa naissance en milieu de semaine. Au Sénat, la barre requise pour pouvoir constituer un groupe est de dix sénateurs. Malhuret en vise un peu plus pour compenser d’éventuels désistements sous «d’amicales pressions». Le président du Sénat, Gérard Larcher, et celui du groupe LR, Bruno Retailleau, ne ménagent pas leurs efforts pour faire rentrer au bercail ces brebis égarées.

L'idée de la création de ce groupe est née au lendemain du rassemblement de soutien à François Fillon au Trocadéro, en mars, une partie des sénateurs LR défendant une «ligne libérale-sociale et européenne» face à l'option droitière du candidat à la présidentielle. Un choix renforcé par l'élection de Macron. Ces sénateurs «constructifs» se voient aujourd'hui à la charnière entre leurs collègues d'En marche et les centristes de l'UDI. «Nous voulons contribuer à la réussite du gouvernement dans l'intérêt du pays, mais sans être dans un suivisme systématique. Nous sommes d'accord avec le gouvernement sur la loi travail. Nous souhaitons comme le Président une refondation de l'Europe, mais nous sommes beaucoup plus circonspects sur l'action du gouvernement par rapport aux collectivités territoriales», explique Malhuret. Au sein du groupe LR, nombreux sont ceux qui partagent cette ouverture. «Les sénateurs LR n'entreront jamais dans une opposition systématique. Ce n'est pas le genre de la maison. De plus, même si nous constituons un groupe important, nous n'avons pas la majorité sans les centristes», constate un sénateur LR.Réaliste sinon constructif.