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Libération

Vestiges grecs à Marseille : les travaux suspendus, les riverains soulagés

par Stéphanie Harounyan, (à Marseille)
publié le 26 septembre 2017 à 20h16

Gilbert Laurens souffle un peu. Comme chaque matin, le vice-président du Comité d’intérêt de quartier s’est levé aux aurores mardi pour rejoindre ses camarades sur le trottoir face à son domicile, dans le centre-ville de Marseille. La mission : barrer la route si besoin aux pelleteuses qui s’aventureraient sur le chantier voisin.

S'il souffle, c'est que la veille, le maître d'œuvre a annoncé que les machines ne devraient pas venir. «Les travaux sont suspendus jusqu'à nouvel ordre», a indiqué lundi Vinci à la Provence, le promoteur qui envisage de construire un ensemble d'habitations de huit étages. «On a préféré venir pour être sûrs», souligne le riverain. L'objet de son attention est au cœur du chantier : les vestiges d'une carrière datant de la Grèce antique.

Tout commence en octobre 2016. Comme la loi le prévoit, des archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sont mandatés pour mener des fouilles sur ce terrain du VIIe arrondissement. Le verdict tombe cet été : le site abrite une carrière de calcaire exploitée entre les Ve et VIe siècles avant notre ère. Les riverains sont rejoints par des associations de défense du patrimoine.

Fin juillet, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen (s'appuyant sur les dires de l'Inrap), annonce que seuls les 635 m2«les plus remarquables» - sur 6 500 m2 - seront préservés. Les opposants passent à l'offensive. Pétition, rassemblements, mobilisation de personnalités politiques… Jean-Luc Mélenchon fait même une apparition remarquée lors d'une manifestation. Après une ultime réunion avec la préfecture, la ministre annonce début septembre qu'elle campe sur ses positions.

La suspension apparaît donc encourageante. «Nous allons mettre ce temps à profit pour peaufiner notre contre-proposition», s'enthousiasme Gilbert Laurens, qui rêve d'un jardin muséal installé sur une plateforme. Si le plan B est prêt à temps, l'équipe pourra peut-être le montrer à Françoise Nyssen en personne. La semaine dernière, le chef de l'Etat a, lui, indiqué que sa ministre de la Culture devait venir in situ. La visite pourrait se tenir dans les quinze jours.