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Libération
Récit

Les restaurants, pas un jeu d’enfants ?

publié le 27 septembre 2017 à 20h46

Après certains avions de compagnies aériennes d'Asie (Indigo, Air Asia, Malaysia Airlines), c'est un restaurant suisse qui a annoncé refuser l'entrée aux enfants de moins de 4 ans. Le boss de la brasserie genevoise Le Milan, Daniel Grangier, a assumé, avant de se rétracter face au déchaînement sur les réseaux sociaux - près de 8 000 commentaires en une semaine. Mais Grangier s'est vu aussi félicité pour son «courage» par d'autres internautes excédés des hurlements incontrôlés de certains mômes. Ses confrères n'ont pas été très solidaires.Des restaurateurs n'agencent-ils pas leur salle pour n'avoir pas à y accepter des poussettes, ne proposant ni menus enfants ni chaises hautes ?

Le président de la Société des cafetiers restaurateurs genevois a feint l'indignation. Alors que Grangier disait sur Facebook vouloir défendre «les clients, hommes d'affaires, couples d'amoureux, amis ou gourmets de passage souhaitant passer un agréable moment dans une atmosphère calme et reposante, non gâchée par des pleurs et autres crises en tout genre». Ajoutant qu'il «adore les enfants» mais que les parents sont «irresponsables».

Pour le pédopsychiatre Laurent Perron à Genève, les parents doivent tenter de calmer les gamins pour éviter de paraître démissionnaires ou laxistes : «Les larmes disent beaucoup sur la relation parents-enfants […]. Les petits testent souvent la réaction, demandent de l'attention, particulièrement dans un lieu public.» On ne peut pas demander à un enfant de rester tranquille pendant plusieurs heures. «Le restaurant n'est pas le lieu idéal pour un bambin de 3 ans, abonde-t-il. Les adultes ont de plus en plus de peine à renoncer à leurs plaisirs. Ils voudraient continuer leur vie exactement comme avant, ne rien lâcher, ni le jogging, ni les dîners aux chandelles.»

L'illégalité de l'interdiction (sauf en cas de clients ivres ou agressifs) a rassuré les internautes : «Qui sont les prochains sur la liste, les clients trop bruyants, trop gros ou encore handicapés ?» s'énerve Julie. «Pouvez-vous prévoir des jeux pour mon fils de 7 ans ? questionne une autre. Car il est accepté, mais il lui arrive de bouger et de parler… A-t-il le droit ?»

Quand certains établissements rechignent à accueillir les bambins, d'autres se spécialisent dans ce secteur. En Suisse romande, le «Label unicorn» répertorie ces lieux kids friendly. A Paris, on peut toujours revivre ses émotions d'enfant au restaurant dans une piscine de boules, au Tigre du Ba in-Balles.