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Libération
«Refondation»

De Lyon à Tallinn, Macron lance le service après-vente de son «initiative européenne»

Salué par le chef du gouvernement italien, le projet annoncé mardi sera discuté ce jeudi avec Chancelière allemande, puis avec l'ensemble des dirigeants européens réunis dans la capitale estonienne.
Emmanuel Macron, mardi à la Sorbonne. (Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 28 septembre 2017 à 9h06

En conclusion du sommet franco-italien de Lyon, un journaliste transalpin a voulu savoir ce que le président du conseil Paolo Gentiloni avait pensé de «l'initiative européenne» de son homologue français. Cette question, formulée lors d'une conférence de presse conjointe, a comblé d'aise Emmanuel Macron. A peine 24 heures après qu'il l'a prononcé, on pouvait déjà constater, à Lyon, les premiers effets de son tonitruant plaidoyer pour une relance du projet européen.  Et de fait, la réponse italienne fut, comme il se doit, encourageante et élogieuse : «Je vous le dis, cet élan doit absolument être partagé, c'est le moment, c'est une opportunité qui ne se représentera pas» a déclaré Gentiloni, ajoutant qu'il partage «énormément de propositions» formulées la veille à la Sorbonne.

Pour Macron, cela ne semble faire aucun doute : l'Italie sera l'un des tout premiers membres du «groupe des amis de la refondation» qu'il entend fédérer autour de lui dans les prochaines semaines. Il s'agit, a-t-il précisé, de donner aux ambitions européennes «de la clarté et de la simplicité», autour de «feuilles de route très concrètes». Le chef de l'Etat a bon espoir que d'autres puissent se déclarer à Tallinn, dès ce jeudi soir: à la veille du sommet européen sur le numérique, les chefs d'Etat et de gouvernements de l'UE doivent se retrouver dans la capitale estonienne pour «un dîner informel». L'occasion d'un premier tour de table sur les propositions françaises.

Ce dîner aura été précédé d’une rencontre entre Angela Merkel et Emmanuel Macron. Le président Français a ajouté in extremis ce rendez-vous à son agenda. Ecourtant son séjour lyonnais pour s’envoler plus tôt en Estonie, il a donc reporté le discours sur la sécurité qu’il devait prononcer en milieu de journée devant des représentants des forces de l’ordre. Mais en l’absence du syndicat Alliance qui avait appelé à boycotter la visite présidentielle pour dénoncer les conditions de travail des policiers.

Prudence allemande

Macron a expliqué que cette rencontre bilatérale, sollicitée par Merkel, était pour lui «une priorité». Faut-il y voir, côté allemand, l’expression d’une inquiétude, voir d’un désaveu après le déluge de propositions formulées à la Sorbonne? A Berlin, tout ce qui vise au renforcement de l’intégration de la zone euro n’est envisagé qu’avec une extrême prudence. Et la chancelière allemande pourrait avoir quelques raisons de se sentir visée par la lourde charge de son jeune collègue français contre des dirigeants européens trop timorés, simples «gestionnaires» d’une Europe sans ambitions, qui ont rendu possible les succès des populistes.

L'Elysée précise que les deux dirigeants se sont parlé à plusieurs reprises ces derniers jours, y compris le week-end, avant le discours de la Sorbonne. Ils se verront encore à Francfort le 10 octobre dans le cadre de la foire internationale du livre dont la France est invitée d'honneur. L'occasion pour Macron de revenir sur sa proposition de nouveau traité de l'Elysée dont la signature devrait intervenir le 22 janvier prochain. Il n'y aurait donc, côté allemand, aucune incompréhension. Angela Merkel n'a-t-elle pas «salué» mercredi, depuis Berlin, le discours de Macron? «Elle partage sa conviction que des réformes sont nécessaires au fonctionnement de l'Union européenne» a expliqué le porte-parole de la Chancellerie, ajoutant toutefois , dans un bel euphémisme, qu'il serait aussi nécessaire de «discuter les détails».