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Agenda

Macron a-t-il reporté son discours sur la sécurité pour éviter un boycott ?

A Lyon, ville de son ministre de l'Intérieur, le chef de l'Etat était attendu de pied ferme par le syndicat de police Alliance. Mais le chef de l'Etat a écourté sa visite pour un rendez-vous avec Angela Merkel.
Emmanuel Macron à Lyon, le 28 septembre. (Photo Laurent Cipriani. AFP)
publié le 28 septembre 2017 à 17h35

«Il n'y a pas de sujet», affirme le ministère de l'Intérieur. L'annulation du discours qu'Emmanuel Macron devait prononcer ce jeudi matin face aux policiers et gendarmes à Lyon n'a officiellement aucun lien avec l'annonce, la veille, du boycott de cette prise de parole par Alliance. Selon l'Elysée, ce changement d'agenda a été rendu nécessaire par le départ précipité du chef de l'Etat pour Tallinn où se tient, à partir de ce jeudi soir, un sommet des dirigeants européens.

La chancelière allemande «a souhaité que nous puissions nous voir avant le dîner, ce qui m'a conduit, en effet, à réaménager mon agenda», a expliqué Emmanuel Macron mercredi, lors d'une conférence de presse donnée à l'issue du sommet franco-italien à Lyon. «J'ai préféré reporter le discours que d'écourter le temps qui avait été préparé avec les forces de l'ordre sur le terrain», a fait valoir Emmanuel Macron, agacé. «En aucun cas, le fait qu'une organisation syndicale ait pris la décision [de boycotter mon discours] n'a eu un impact sur mon agenda», a-t-il ajouté.

Mécontentement et «grève» 

A l'initiative de ce boycott, Pierre Tholly, secrétaire régional d'Alliance Rhône-Alpes. «Les discours, on en a entendu des dizaines des gouvernements successifs. Nous, on veut juger sur les actes», déclare-t-il à Libération. Le budget alloué au ministère de l'Intérieur en 2018 affiche une augmentation de 1,9%, mais cela ne convainc pas le syndicaliste, qui veut une amélioration des conditions de travail des policiers «avec des effets visibles sur le terrain.» La prise de parole d'Emmanuel Macron a été reportée au 18 octobre à l'Elysée, en présence de «tout le monde», y compris les syndicats, détaille l'Intérieur. Ce discours traitera de la sécurité en France et sera l'occasion pour le Président d'apporter des précisions sur la police de sécurité du quotidien, promise pendant la campagne présidentielle. Pour l'heure, Alliance n'a pas formellement confirmé sa présence. «Une décision sera prise à la prochaine réunion du bureau national», confie l'un des cadres de l'organisation syndicale à Libération.

Ce boycott exercé par Alliance, premier syndicat au sein des gradés et gardiens de la paix de la police, s'inscrit dans un contexte de mécontentement plus large au sein des forces de l'ordre. La semaine passée, plus de 2 000 agents des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) ont refusé de prendre leur service lors de la deuxième journée de mobilisation contre les ordonnances Pénicaud pour protester au sujet de leurs conditions de travail et la prochaine soumission de leur indemnité de déplacement (Ijat) aux prélèvements sociaux. Gérard Collomb, qui était à Lyon avec Emmanuel Macron, et l'intersyndicale, se sont rencontrés au lendemain de ce mouvement de «grève». Les protagonistes ont convenu de l'ouverture de négociations et d'une nouvelle rencontre place Beauvau le 6 octobre. En attendant, les CRS ont suspendu leur mouvement de protestation. Mais sans garantir une suspension définitive des actions, si l'issue des pourparlers ne les satisfait pas.