Derrière une banderole où il était inscrit «Non au délit de faciès» et affublées de stickers «Touche pas à mon pote», une soixantaine de personnes se sont rassemblées, lundi, à 18h30, près de l'Assemblée nationale à l'appel de SOS Racisme. L'objet de la contestation : l'article 10 du projet de loi antiterroriste qui autorise des contrôles d'identité sans justification ni aval de la justice. Ce texte élargit également les périmètres de ces contrôles aux abords des gares, ports et aéroports ouverts au trafic international. Il est spécifié que «les personnes dont la nationalité étrangère peut être déduite d'éléments objectifs extérieurs» seront dans l'obligation de présenter des documents d'identité et de séjour. Cette logique du soupçon ouvre, selon les ONG, la brèche à une généralisation des contrôles au faciès, qui n'ont pas de lien avec la lutte contre le terrorisme.
«Ce rassemblement improvisé a été organisé très rapidement, le but était de marquer le coup symboliquement avant le vote de ce mardi. Cet article implique une extension massive des contrôles d'identité. Sachant que ces derniers pourront avoir lieu en plein centre-ville de Paris, Aulnay, Lyon ou Saint-Etienne», a regretté Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
«On sait pertinemment quelles populations seront touchées»
Tour à tour, les responsables des associations présentes comme l'Unef, le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) ou encore la Ligue des droits de l'Homme ont pris la parole, perchés sur un banc. «Face au danger que peut représenter parfois une Assemblée nationale monocolore, nous sommes le contre-pouvoir de ce qui peut nuire aux libertés fondamentales. Non au délit de faciès !» a scandé Ibrahim Sorel Keita, vice-président de SOS Racisme. Une inquiétude qui résonne aussi à l'Unef : «Ce sont des choses graves et on sait pertinemment quelles populations seront touchées», a affirmé Cecilia Koch, 22 ans et membre du bureau national du syndicat étudiant. Lucide, Thierry Paul Valette, président d'Egalité nationale, a ajouté : «Ce ne sont pas de petits blancs aux yeux bleus qui seront contrôlés ! Les populations noires ou maghrébines seront stigmatisées. Cette mesure n'aura pour effet que de monter les gens les uns contre les autres et donc de favoriser l'extrémisme.»
Peu optimistes quant à l’issue du vote de mardi, les associations ont appelé les députés et les sénateurs à saisir le Conseil constitutionnel.