Autour d’une scène de cabaret faite d’un bric-à-brac de peintures narratives, d’instruments de musique et d’objets insolites, le duo A Constructed World a l’habitude de rameuter une ribambelle d’acolytes, amis ou vagues connaissances qui se relaient ici pour prendre la parole, chanter et gesticuler en tâchant de ne pas se prendre les pieds dans leur costume en forme d’arbres, un masque de fesses sur le visage.
Rien d'obscène dans cette Assemblée des culs, le titre renvoyant à l'expression anglo-saxonne «to talk out of your ass» («dire n'importe quoi»).
La performance, sous ses dehors burlesques et l'amateurisme de ses intervenants, cherche à lancer des situations d'énonciation remuantes : Qui parle ? A qui ? De quoi ? Ce qui passe par l'usage fantaisiste de langages non articulés (préverbal ou animal), par des adresses faites à des anguilles, par de la cacophonie ou des chants à l'unisson. Au bout des huit heures que dure le show - mais on y circule comme dans un moulin, il n'y a ni début ni fin -, on ne sera pas trop sûr de ce qu'on y a appris. Il faudra en discuter, en débattre, refaire un tour de table. C'est là tout l'objet social et pas seulement artistique de cette Assemblée bigarrée et virevoltante : relancer l'échange entre gens qui ne (se) comprennent pas et qui peinent à oser (se) le dire.