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Libération

Avant celui de la grippe, le retour du vaccin

publié le 9 octobre 2017 à 20h06

C'est un des marronniers du mois d'octobre : l'arrivée du vaccin contre la grippe et le lancement de la campagne de vaccination. Cette année la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a certes rappelé que «se vacciner, c'est aussi protéger les autres», mais elle a surtout jugé que «le taux de vaccination chez les professionnels de santé [25 % ndlr] n'est pas acceptable», allant jusqu'à menacer les soignants de mesures contraignantes si ce taux «n'augmente pas».

La grippe saisonnière constitue un modèle de santé publique aussi passionnant que complexe. On le sait, la grande particularité de cette épidémie est que le virus n'est pas tout à fait le même chaque année, et il faut toujours un savant dosage des différentes souches virales pour constituer le vaccin. En 2016-2017, par exemple, c'était à 98 % le sous-type H3N2 qui circulait en France. Pas de chance, le vaccin de l'année dernière ne l'avait pas inclus. Cette année, la campagne de vaccination concerne plus de 12 millions de personnes, essentiellement des personnes de plus de 65 ans et celles atteintes de certaines maladies chroniques, les femmes enceintes et les personnes souffrant d'obésité morbide. Objectif : améliorer le taux de vaccination. Comme l'a rappelé le professeur Olivier Lyon-Caen, la situation est hétérogène : «56 % des personnes de plus de 70 ans sont vaccinées, mais c'est seulement 37 % chez les jeunes seniors de 65 à 69 ans, et tout juste 36 % chez les personnes atteintes de maladies chroniques.» C'est insuffisant. Même si le vaccin contre la grippe n'a pas une efficacité de 100 %, loin s'en faut. Elle tourne autour de 40%, tombe à 26 % chez les personnes à risque et à 23 % chez les plus de 65 ans. C'est le paradoxe de cette prévention : les pouvoirs publics insistent à juste titre pour que les personnes âgées aient recours au vaccin. Mais ce sont chez elles qu'il est le moins efficace. Voilà pourquoi certains experts évoquent l'appui d'autres stratégies : vacciner aussi massivement les adultes pour éviter qu'ils ne transmettent le virus à leurs aînés.