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Défense: face aux turbulences, la France doit être autonome et européenne

Préparé sous la direction de l'eurodéputé Arnaud Danjean, le document, qui s'inscrit dans le prolongement du Livre blanc de 2013, met l'accent sur l'autonomie stratégique et la coopération européenne.
Florence Parly et des officiers de l'opération Barkhane au Sahel devant un drone, le 31 juillet. (Photo Boureima Hama. AFP)
publié le 13 octobre 2017 à 20h04

Le monde en 2017 ressemble à celui de 2013, en pire. C'est le constat qui se dégage de la lecture de la Revue stratégique, préparée sous la direction de l'eurodéputé Arnaud Danjean, présentée et publiée vendredi. Ce document de quelque 80 pages actualise le livre blanc sur la Défense rédigé il y a quatre ans. Depuis, la menace terroriste jihadiste s'est accrue, abritée par de proto-Etats, et concrétisée par des attentats qui ont durement frappé les sociétés européennes. La Russie et la Chine «sont engagées dans une politique de modernisation capacitaire et de rattrapage technologique» en matière militaire. Des «puissances régionales» poursuivent leur ascension. De «nouveaux milieux de confrontations», notamment le cyberespace, sont les théâtres d'action de déstabilisation, sans nécessité beaucoup de ressources.

Ce monde est devenu d'autant plus «instable et incertain», selon le député européen Arnaud Danjean, depuis l'arrivée de Trump à la Maison Blanche et la sortie prochaine de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. «Nous sommes entrés dans une ère de grandes turbulences», résume Emmanuel Macron dans la préface de la Revue stratégique. Dans ce contexte dégradé, la France entend garder et consolider sa place, plus singulière que jamais, en tant que «seul pays européen (après le Brexit) membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et puissance nucléaire, membre fondateur de l'Union européenne et de l'Otan, dotée d'un modèle d'armée complet et d'emploi».

De ce tableau, le comité tire une stratégie de défense, articulée autour de deux piliers, l'«autonomie stratégique et l'ambition européenne». Le premier consiste à «choisir et prioriser les domaines d'indépendance totale», explicite Corentin Brustlein, responsable du centre d'études sur la sécurité à l'Institut français de relations internationales (IFRI). Dans cette catégorie entrent notamment la dissuasion nucléaire, la capacité d'«entrer en premier» sur un théâtre d'opérations, le renseignement… «Même avec une remontée en puissance et un budget accru, les ressources restent contraintes», poursuit le chercheur.

L'Europe a occupé un «pan important de nos travaux», a précisé Danjean. La Revue fixe un horizon : «Au début de la prochaine décennie, l'objectif est que les Européens disposent d'un corps de doctrine commun, de la capacité à intervenir militairement ensemble de façon crédible, et des instruments budgétaires communs adaptés.» Au printemps, la loi de programmation militaire doit transformer en réalités sonnantes et trébuchantes ces grands principes.