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Libération
Récit

«Modernité» et économies : Philippe lance sa réforme de l'Etat

Le Premier ministre a installé vendredi un comité chargé de repenser, dans les prochains mois, les missions de l'Etat. Et d'accompagner la réduction des dépenses publiques.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le 13 octobre 2017 à Châlus, en Haute-Vienne. (Photo PASCAL LACHENAUD. AFP)
publié le 13 octobre 2017 à 18h53

Cela en a le goût, l'odeur et l'apparence, mais promis, rien à voir avec la RGPP. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a installé vendredi un «Comité d'action publique 2022» (CAP22), chargé de plancher sur une grande «transformation» du service public – de l'Etat aux collectivités en passant par la sécurité sociale. Censé «moderniser» l'action publique, améliorer le service rendu mais aussi permettre de substantielles économies, l'exercice rappelle la «Révision générale des politiques publiques» (RGPP) lancée par Nicolas Sarkozy, ainsi que la «Modernisation de l'action publique» (MAP), sous François Hollande. Comparaison dont s'est défendu Edouard Philippe : «On a longtemps cherché les économies avant de penser l'organisation, nous vous proposons l'inverse», a lancé le Premier ministre.

«Simplifier ce qui doit l'être, numériser ce qui peut l'être» : ce mot d'ordre guidera les travaux d'un comité de 24 personnes, qui devra rendre ses conclusions au plus tard en mars. Élus, économistes, représentants de l'administration et du monde associatif, mais aussi hauts cadres du privé se mêlent dans ce groupe où ne figure, en revanche, aucun représentant syndical de la fonction publique. Le comité sera dirigé par un trio composé du directeur de Sciences-Po Paris Frédéric Mion, du président du conseil d'administration du groupe industriel Safran, Ross McInnes, et de Véronique Bédague-Hamilius, ancienne directrice de cabinet de Manuel Valls à Matignon, désormais secrétaire générale du groupe immobilier Nexity. Le comité s'est vu donner «carte blanche» par l'exécutif, qui ne s'engage pas, toutefois, à reprendre l'ensemble de ses propositions.

Doublons

Dans une circulaire adressée fin septembre à ses ministres, Edouard Philippe évoquait, comme possibles conclusions, «des transferts entre les différents niveaux de collectivités publiques, des transferts au secteur privé, voire des abandons de missions. Il identifiera également les chevauchements et les doublons de compétences, sources de coûts injustifiés». Une large place devrait être accordée à la numérisation des services de l'Etat, vue comme une source de simplification et d'économie à la fois.

Si Edouard Philippe s'est défendu vendredi de toute «approche comptable», «Action publique 2022» n'en devra pas moins participer à l'objectif fixé par Emmanuel Macron : faire baisser de 3 points de PIB la dépense publique sur le quinquennat, ce qui passera notamment par la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires. Seuls 1 600 de ces suppressions figurent dans le projet de budget 2018, actuellement examiné par l'Assemblée : «Nous allons d'abord redéfinir les missions publiques, puis voir comment seront répartis les non-remplacements», a expliqué vendredi le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Le comité s'appuiera sur les travaux de France Stratégie (l'ex-Commissariat au plan), un organe prospectif rattaché au Premier ministre, et récemment rappelé à l'ordre par celui-ci. Préconisant notamment une nationalisation partielle de tous les terrains construits français, une note publiée mercredi par France Stratégie a ému Matignon et même, selon l'entourage d'Edouard Philippe, certains «partenaires européens». Rappelé à l'ordre, l'organisme est prié de se concentrer sur des projets plus «utiles» au pays – plus en ligne, autrement, dit, avec les projets de l'exécutif.