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EDITO

Occasion en or

Police officers wearing masked armbands take part in a protest outside the headquarters of the Inspection Generale de la Police Nationale (General Inspectorate of the National Police, IGPN), a sub-directorate responsible for internal affairs, as one of their collagues is being heard on November 3, 2016 in Paris. Several hundreds of police officers demonstrated on November 3 outside the headquarters of the IGPN, the dreaded "police of the police", where Guillaume Lebeau, a leader of police demonstrations which have continued and spread for nearly three weeks, was being heard. Police in France have been complaining for weeks against an ever-increasing workload, bureaucracy, outdated equipment and what is seen as lenient sentencing for violence against officers. / AFP PHOTO / PATRICK KOVARIK (Photo Patrick Kovarik. AFP)
publié le 16 octobre 2017 à 20h26

S'il fallait un ultime épisode pour convaincre les derniers borgnes qu'il règne bien, dans beaucoup de quartiers de France, un malaise profond et persistant entre la population et sa police, ce serait celui-ci. Dimanche, à Aulnay, plusieurs centaines d'habitants se sont rassemblés pour exiger toute la lumière sur les circonstances de la mort de Yacine B. Que pouvait-on y entendre ? Une foule qui scandait notamment «tout le monde déteste la police», ce slogan crié dans les cortèges contre la loi travail pendant toute la première moitié de 2016. Or rien pour l'instant dans le dossier Yacine B. ne permet de soupçonner la police et de mettre en doute la piste envisagée par les enquêteurs : celle d'une mort accidentelle, à cause d'une overdose.

Mais l'affaire Théo L., dans laquelle un policier est mis en examen pour viol, a laissé dans cette ville d'Aulnay-sous-Bois de vives meurtrissures. Oui, aujourd'hui encore, un agent de la force publique en uniforme peut constituer, pour certains de nos concitoyens, davantage une menace qu'une assurance. On peut trouver cela injuste ou incompréhensible mais c'est la réalité. Il faut reconnaître à Emmanuel Macron un vrai courage d'avoir ressorti en pleine campagne présidentielle ce qui fait office de chiffon rouge pour la droite : le retour d'une «forme de police de proximité». Inventée par Jean-Pierre Chevènement sous le gouvernement de Lionel Jospin, elle avait été purement et simplement tuée par Nicolas Sarkozy à son arrivée en 2003 au ministère de l'Intérieur. Pour délit d'angélisme. En vertu de la bonne vieille idéologie de droite qui veut qu'une police œuvrant à la prévention des conflits et de la délinquance n'est pas une vraie police. Macron tient là une occasion en or de prouver au pays que sa culture revendiquée de «l'efficacité et du pragmatisme» peut s'exporter en banlieue sur le terrain inflammable de la sécurité.