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Libération

Abdelghani Merah : «Aujourd’hui, je dénonce le radicalisme qui a détruit ma famille. […] Chez les Merah, on a été élevé avec la haine du juif, la haine de tout ce qui n’est pas musulman.»

Abdelghani Merah, l'aîné de la fratrie, lundi, devant la cour d'assises de Paris.
publié le 17 octobre 2017 à 19h46

Abdelghani, l'aîné de la fratrie Merah, a décrit, lundi lors du procès de son frère Abdelkader pour «complicité d'assassinats», l'ambiance dans une famille qu'il a reniée autant qu'elle l'a renié. Voilà des années que le quadragénaire attendait ce jour. Sans surprise, il répète ce qu'il a toujours affirmé : qu'Abdelkader est un idéologue redoutable ayant conduit Mohammed Merah vers l'irréparable. «Il est et restera un danger pour la France», débite-t-il encore et encore. En 2003, Abdelkader Merah poignarde à sept reprises Abdelghani, marié avec une femme d'ascendance juive. De cette violence éruptive, l'aîné dit : «Je comprends d'où elle vient. Devant la télé, notre père disait qu'il pourrait faire péter une bombe pour venger les Palestiniens. Notre mère cultivait aussi cet antisémitisme. Ma famille se méfiait de moi, j'étais l'apostat qui défendait la France plus que l'islam. J'ai voulu m'en aller et refaire ma vie.» Après trois heures d'une déposition très attendue, Abdelghani repart comme il est arrivé : seul, casque audio en bandoulière, comme éternellement sur la brèche. Avec lui, comme avec tous les autres témoins, on éprouve le même sentiment de malaise face à un procès qui, en réalité, en compte deux. Celui d'Abdelkader Merah - et de Fettah Malki, «le commercial» ayant fourni une des armes - qui n'intéresse personne ou presque. Et celui, palpitant, de Mohammed Merah, mais qui compte pour du beurre.