Dixit Emmanuel Macron dimanche soir : «J'ai toujours essayé de dire les choses et de m'approcher d'une forme de vérité. Donc, je nomme.» Le Président a aujourd'hui une excellente occasion de mettre en pratique cette forte maxime : en rendant publique l'évaluation de l'impact de la réforme de l'ISF sur les grandes fortunes françaises, comme le demandent 120 députés et sénateurs dans l'appel que nous publions. Ainsi il pourra «nommer» l'avantage ainsi concédé aux «premiers de cordée» qu'il entoure de sa sollicitude. Bien sûr, il court un risque car, comme il l'a dit lui-même, «parfois, quand on s'approche de la vérité, on s'y brûle…» Il y a fort à parier, en effet, pour que la réforme fasse apparaître, non pas nominalement - ce serait rompre le secret fiscal - mais pour le groupe des 100 premiers contribuables français, une ristourne dont le montant choquera forcément la masse de ceux «qui ne sont rien». Ce chiffre fera d'autant plus d'effet qu'au même moment, le FMI, qui n'est pas considéré comme un repaire de bolcheviks, vient de contredire le gouvernement avec éclat. La détaxation des riches, écrivent les économistes de cette très orthodoxe institution, dirigée par Christine Lagarde, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, n'est pas un moteur de croissance mais un frein. C'est au contraire, ajoutent-ils, une meilleure redistribution qui peut favoriser la production, notamment grâce à l'imposition des patrimoines, celle-là même que le gouvernement s'apprête à réduire à la portion congrue. Autrement dit, le FMI remet les pendules à l'heure et rétablit la compréhension usuelle de la légende de Robin des bois : il s'agit bien, pour favoriser l'économie, de prendre aux fortunés pour donner aux défavorisés, et non l'inverse. Voilà qui mérite débat. Et donc communication à l'opinion des effets concrets de la réforme. Question de vérité…
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