Pousse-toi de l'académie des oscars ! Dégage des planches de Deauville ! Enlève-moi cette rosette que je ne saurais voir ! Il convient au plus vite, avant même que la justice ne fasse son office, d'éviter les ricochets de l'affaire Weinstein. Pourquoi pas. Il a fallu tellement de temps pour que la lumière soit faite sur la face sombre du prédateur producteur américain qu'on peut saluer la prise de conscience diligente.
Mais il y a quelque chose qui cloche. Quand dimanche soir, sur TF1, Emmanuel Macron a annoncé qu'il allait demander que Weinstein soit privé de sa Légion d'honneur, on a cherché la liste des distingués. Et là, le bât blesse… Quelqu'un peut-il expliquer par quelle pensée complexe on demande à dégager au plus vite le mogul hollywoodien tout en maintenant le boucher de Damas, responsable de centaines de milliers de morts en Syrie depuis six ans ? Voilà l'interrogation du chercheur Jean-Pierre Filiu sur le Monde.
Dans le même registre, quelqu'un peut-il expliquer la cohérence de rayer des tablettes le gros dégueulasse de Miramax tout en y conservant le (certes déchu) prince héritier d'Arabie Saoudite, pays dont le casier en matière de droits des femmes est lourdement chargé ? Que le chef de l'Etat – qui n'est pas responsable des trois nominations cités ici – prenne des décisions sous l'effet d'une émotion légitime et œuvre pour des jugements symboliques, en attendant que la justice se fasse, très bien. Mais si on doit nettoyer les écuries de la Légion d'honneur, faisons le vraiment.