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Libération
Quartiers

Et voilà le retour à peine déguisé de la police de proximité

Le Président a annoncé mercredi la mise en place de la «police de sécurité du quotidien» et une concertation en vue d’élaborer une «nouvelle doctrine» qui sera lancée lundi.
Emmanuel Macron, le 18 octobre à l'Elysée. (Photo Philippe Wojazer. AFP)
publié le 18 octobre 2017 à 20h26

Emmanuel Macron voulait en faire un discours «fondateur» sur la sécurité, il aura au moins été celui de la confirmation. Devant les responsables territoriaux de la police et de la gendarmerie et les principaux cadres du ministère de l'Intérieur, le président de la République a rappelé mercredi l'un des engagements forts de sa campagne : la mise en place de la police de sécurité du quotidien.

Présentée comme une «réforme majeure» du quinquennat, pour «lutter contre tout ce qui fait le sentiment d'insécurité et donne l'image de l'impuissance publique» avec un «contact renouvelé» avec la population. Alors que beaucoup de questions restent en suspens sur la mise en place concrète de la réforme, une concertation menée par le ministère de l'Intérieur avec les élus locaux, les responsables syndicaux et des chercheurs débutera «dès lundi prochain», a annoncé le chef de l'Etat. Tandis qu'une «nouvelle doctrine» sera arrêtée «avant la fin de l'année». Puis débutera une expérimentation de terrain en 2018.

«Polyvalence». «Trois axes» guideront cette nouvelle organisation policière, a expliqué Emmanuel Macron. Premièrement, un renforcement de la présence sur la voie publique, avec un «allégement des tâches administratives», «un transfert de missions à la sécurité privée», l'embauche déjà annoncée de 10 000 policiers et gendarmes au cours du quinquennat et en favorisant la «polyvalence».

Deuxièmement, Emmanuel Macron souhaite «déconcentrer les politiques de sécurité», en donnant plus d'«autonomie aux échelons locaux», ainsi que «redynamiser les partenariats» avec les élus. Et enfin, «renforcer le lien avec la population», pour une police «parfaitement intégrée à leur territoire» , «accessible aux habitants», qui «rend compte» de son action et intègre les «attentes de nos concitoyens». Un exposé qui rappelle la police de proximité, mise en œuvre par la gauche de 1998 à 2002, même si le chef de l'Etat assure que ce n'est pas son retour mais une sortie de «l'opposition stérile» avec «la police d'intervention».

«Ce n'est pas une énième réforme à minima», a poursuivi Macron en critiquant en creux l'œuvre de Nicolas Sarkozy qui avait créé les unités territoriales de quartier devenues brigades spécialisées de terrain, après le démantèlement de la police de proximité en 2003 par ce dernier, alors qu'il venait d'arriver à l'Intérieur. «Je souhaite que cette réforme consiste à transformer, à redonner du sens à l'action de la sécurité publique», a poursuivi le président de la République. Toute l'institution devrait donc être concernée par cette nouvelle doctrine.

Avant de présenter à la police de sécurité du quotidien, Macron avait tenu à rendre un «hommage légitime de la nation compte tenu de l'engagement» des forces de l'ordre. Le président de la République a affirmé que 13 attentats avaient été déjoués depuis le début de l'année 2017. «La première mission, c'est de protéger nos concitoyens et d'assurer la sécurité du territoire», a-t-il ajouté.

En rappelant la récente création d'une «task force» pour mieux coordonner la lutte contre le terrorisme, Emmanuel Macron mise sur la «bataille» du «renseignement». «J'attends que chaque policier soit un capteur, qu'il soit en capacité d'apporter du renseignement», a-t-il ajouté. Pour lutter contre le terrorisme, Emmanuel Macron estime qu'il y a aussi un défi «civilisationnel», avec un nouveau plan de prévention de la radicalisation. Enfin, le Président a rappelé que la sortie de l'état d'urgence sera effective le premier novembre, au moment où une grande partie des dispositions de ce régime d'exception sera transférée dans le droit commun.

«Reconduite». Emmanuel Macron en a profité pour évoquer la «pression migratoire, extrêmement forte depuis maintenant deux ans», en rappelant en préambule le «principe de l'asile et de l'accueil». Mais le Président a surtout longuement insisté sur les progrès à faire en matière d'«efficacité dans les procédures de reconduites à la frontière». «Chacune et chacun doit être hébergé, mais à partir du moment où il est hébergé, commence la procédure administrative», a appuyé le chef de l'Etat en promettant - comme son prédécesseur - des «délais drastiquement réduits». Une référence à la procédure européenne dite de Dublin, selon laquelle les demandes d'asile dépendent du premier pays dans lequel les migrants ont laissé leurs empreintes. Dans ce sens, une circulaire sera transmise la semaine prochaine aux préfets pour garantir une application «ferme et rigoureuse» des procédures concernant les étrangers en situation irrégulière. Et, dans la poursuite du même objectif, l'exécutif présentera une nouvelle loi au Parlement sous peu.