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Histoire

A Sarcelles, Hollande en visite de refondation

L’ex-président était jeudi en banlieue pour soutenir Bibliothèques sans frontières, une ONG dédiée aux territoires en difficultés.
Lors de la visite de François Hollande à Sarcelles, jeudi. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 19 octobre 2017 à 19h46

Les enfants regardent ailleurs. Ils miment la routine. Pas un bruit. Le nez dans les livres, les écrans. Pourtant, au sein de l’école élémentaire Pauline-Kergomard, à Sarcelles (Val-d’Oise), la matinée est particulière : François Hollande est présent. Dans une petite salle, il slalome entre les petits groupes d’élèves. L’ex-président est accompagné des pontes du coin, notamment le maire de la ville, Nicolas Maccioni, écharpe tricolore autour du torse. Parfois, l’invité du jour, à l’aise, interroge les enfants, tente des blagues, un début de discussion. Des réponses et des sourires timides en retour. Le contraire des adultes, qui jouent des coudes pour prendre la parole et étaler leur savoir.

Hollande ne passe pas dans le coin par hasard. Il rend visite à Bibliothèques sans frontières, une ONG présidée par Patrick Weil, qui s'installe dans les territoires en difficultés, reculés, en France et un peu partout sur le globe (Colombie, Syrie, Burundi…). L'objectif est de mettre du lien et de la culture à portée de toutes les âmes. En 2015, la fondation du chef de l'Etat, La France s'engage, lui a versé 500 000 euros. Depuis, il suit de près son évolution. «Je pourrais rester derrière un bureau mais j'ai besoin de me rendre sur le terrain et voir les choses évoluer», argumente le socialiste.

Mitigé. On retrouve l'invité d'honneur dans le hall de l'école. Il se confie sur le rôle de sa fondation, puis on le lance sur son rapport aux Français depuis son départ de l'Elysée. Il refuse d'admettre que son ex-fonction l'avait coupé du monde réel. Il dit juste : «Aujourd'hui, il y a beaucoup moins de protocoles et donc forcément le contact est plus direct, plus franc.»

Durant son quinquennat, il a souvent mis les pieds de l’autre côté du périph. Le résultat est à l’image de son mandat : mitigé. On se souvient de sa visite dans une pépinière d’entreprises à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) en 2015. Accompagné de Myriam El Khomri, Patrick Kanner et Emmanuel Macron, il avait été accueilli par des sifflets avant de quitter le quartier par une porte dérobée.

Lui préfère revenir sur un autre moment. Plus fort. En février, il s'était rendu à l'hôpital au chevet de Théo, un jeune homme de Seine-Saint-Denis violé par des policiers lors d'une arrestation qui a donné naissance à un mélange de colère et d'incompréhensions. «J'y suis allé par devoir, dit-il. On ne peut pas occulter les problèmes, les violences, les trafics. Mais dans les quartiers, la plupart des habitants travaillent et cherchent de la reconnaissance.»

Bribes. Nicolas Maccioni rappelle que son hôte a mis la main à la poche en faveur de la politique de la ville durant son mandat : pas faux. Il ajoute : «Le président est très apprécié en banlieue.» Comme si l'année 2017 n'avait pas existé. Pas un mot sur les défaites électorales, ni sur les députés socialistes rayés de la carte du «93». Tout un symbole. Au fil des mots, François Hollande revient, via la banlieue, sur quelques bribes de son mandat. Pour le moment, il refuse de faire le bilan de son quinquennat malgré l'attente de nombreux socialistes. Il écrit un livre mais personne ne sait vraiment ce qu'il y dit. En fait, l'ex-chef de l'Etat est persuadé que l'histoire fera le bilan à sa place. Et qu'il sera positif.